L'indice politiquement sensible de l'inflation en Chine a atteint en mai son plus haut niveau en près de trois ans, poussant la banque centrale chinoise à relever les réserves obligatoires des banques, le gouvernement éprouvant toujours des difficultés à juguler la hausse des prix.
La hausse des prix à la consommation, principale jauge de l'inflation, a atteint 5,5% le mois dernier, en légère hausse par rapport aux 5,3% d'avril, a annoncé mardi le Bureau national des statistiques (BNS).
Quelques heures plus tard, la banque centrale chinoise a annoncé une nouvelle hausse de 50 points de base du taux des réserves obligatoires des banques.
Le relèvement de ces réserves -- des dépôts que les banques sont obligées de placer et ne peuvent pas prêter -- permet de freiner le volume des nouveaux prêts que les banques peuvent accorder et de réduire la croissance de la masse monétaire. L'abondance de liquidités génère de l'inflation.
L'inflation est à son plus haut niveau en Chine depuis juillet 2008, lorsque l'indice avait atteint 6,3%, et est surveillée de très près par le gouvernement chinois qui redoute qu'elle provoque des troubles sociaux.
La production industrielle en Chine, deuxième économie mondiale, a elle augmenté de 13,3% en mai sur un an, toujours selon le BNS.
Les investissements en capital fixe ont progressé très fortement sur les cinq premiers mois de l'année, avec 25,8% de hausse par rapport à la même période de 2010.
La Chine "reste confrontée à d'importantes pressions inflationnistes", a commenté Sheng Laiyun, porte-parole du BNS, en annonçant ces chiffres.
L'inflation, notamment des prix alimentaires, est la principale préoccupation de Pékin qui veut maintenir la hausse des prix à la consommation à environ 4% pour l'ensemble de l'année et voit cet objectif compromis.
Le haut niveau de l'inflation en mai "semble indiquer que de nouvelles hausses des taux (d'intérêt) sont probables ces prochains mois", a estimé Brian Jackson (Royal Bank of Canada).
La sécheresse et les inondations qui ont frappé ces dernières semaines des régions du centre et du sud de la Chine ont aggravé la pénurie d'électricité et encore davantage poussé les prix à la hausse, notamment ceux des denrées agricoles.
Avec ces prix alimentaires en progression beaucoup plus rapide que pour les autres articles, l'inflation frappe davantage les moins fortunés, qui dépensent une part plus importante de leurs revenus pour se nourrir et présente des risques accrus de contestation sociale pour le régime communiste.
La banque centrale a répondu aux pressions inflationnistes en augmentant quatre fois depuis octobre les taux d'intérêt directeurs ainsi qu'à maintes reprises les réserves obligatoires des banques.
Ponctuellement, les autorités sont aussi directement intervenues sur le marché, intimant à certaines sociétés de ne pas augmenter leurs prix, ou annonçant des mesures contre les spéculateurs.
Mais la lutte contre l'inflation, favorisée par la hausse des coûts du travail et des matières premières, est devenue plus difficile pour le gouvernement.
Aussi, même si la croissance chinoise donne des signes de ralentissement, Pékin ne devrait pas relâcher les mesures contre la hausse des prix, affirment des experts.
"On peut s'attendre que Pékin tolère davantage d'appréciation du yuan par rapport au dollar", selon Brian Jackson.
Depuis que Pékin a réinstauré une fluctuation quotidienne du yuan en juin 2010, le renminbi a gagné environ 5% par rapport au dollar. Cette appréciation du yuan permet aussi de combattre l'inflation.
La hausse des investissements en capital fixe est un signe rassurant sur la vigueur de l'économie chinoise, souligne Lu Ting (Bank of America-Merrill Lynch).