Air France fait face à plusieurs menaces de grèves en pleine période estivale avec un préavis du 29 juillet au 1er août de tous les syndicats d'hôtesses et stewards et de deux syndicats minoritaires de pilotes, le puissant SNPL (pilotes) prévoyant lui une grève du 5 au 8 août.
Principal motif de mécontentement: l'absence d'accord sur la nouvelle organisation du travail dans les futures bases province de la compagnie (Marseille, puis Nice, Toulouse et Bordeaux).
Il y a tout juste une semaine Pierre-Henri Gourgeon, directeur général d'Air France, présentait à Marseille, où doit être créée la première base en province, ce projet visant à contrer les compagnies à bas coûts, notamment en basant des avions et du personnel en province.
Le même jour, les trois principaux syndicats d'hôtesses et de stewards avaient annoncé qu'ils ne signeraient pas le projet d'accord.
Mais M. Gourgeon avait affirmé, qu'en l'absence d'accord, il ferait appel à des volontaires, revenant partiellement sur sa promesse de ne lancer le projet qu'avec l'assentiment des personnels.
Il avait, il est vrai, obtenu l'aval du principal syndicat de pilotes, le SNPL, quelques jours plus tôt.
Les adhérents du SNPL ont approuvé à 55% le projet, dans lequel les pilotes voleront davantage d'heures par an, avec des journées plus denses compensées par plus de jours de repos. Le gain de productivité ne sera que partiellement compensé par une augmentation de leur rémunération.
La première riposte syndicale est venue des syndicats minoritaires de pilotes, le Spaf et Alter, qui ont déposé mercredi dernier un préavis de grève du 29 juillet au 1er août.
"Ce projet s'accompagne d'une grave remise en cause des conditions de travail du personnel navigant technique", avait estimé le Spaf.
Lundi, les sept syndicats d'hôtesses et de stewards ont également déposé un préavis de quatre jours, lors du grand chassé-croisé de fin juillet/début août.
Selon Philippe Sportes, responsable Unsa, "il y a une totale unanimité syndicale contre le projet bases province de la direction, mais aussi face à un défaut complet de dialogue social".
Pour Frank Mikula, délégué Unac, "ce que nous voulons, c'est un accord (...) on ne peut pas laisser l'entreprise définir unilatéralement le régime d'emplois d'une bonne partie des équipages de cabines".
"C'est vrai que les low-cost nous mettent en difficulté", a convenu Frank Mikula mais, tout en se disant prêts à faire des efforts, les syndicats veulent davantage que 5 à 6% d'augmentation pour 25% de productivité en plus.
Le préavis des hôtesses et stewards ne porte toutefois pas que sur les bases province, signe d'un climat social tendu. "L'entreprise veut réduire de 4 à 3 le nombre d'hôtesses et de stewards à bord des Airbus A319 à partir du 1er août", a précisé Philippe Sportes. "Et elle a mis fin à la consultation du personnel sur l'organisation du service sur les long-courriers, c'est très regrettable et ça ne fonctionne pas", a ajouté le délégué Unsa.
En plus des préavis du 29 juillet au 1er août, Air France est sous le coup d'une menace de grève du SNPL, qui a déposé un préavis national du 5 au 8 août, au sujet de la caisse de retraite complémentaire des personnels navigants (CRPN).
Dans ce dossier, hôtesses et stewards d'une part et pilotes d'autre part s'affrontent sur les dispositions à prendre pour pérenniser cette caisse, qui est en déficit et dont une réforme avait été votée en 2008.
Depuis, les décrets d'application ne sont pas parus et le gouvernement a grand mal à trouver un compromis accepté par les deux parties, malgré un nouveau tour de table ce printemps.