BlackBerry, le fabricant de smartphone canadien véritable icône des téléphones mobiles du début des années 2000, est menacé de disparition, asphyxié par une concurrence acharnée des géants des constructeurs comme Samsung, Apple ou Nokia.
Lundi, BlackBerry a annoncé la mise en place d'un comité dédié à choisir entre la vente ou d'autres options comme des partenariats pour assurer la survie de l'entreprise.
Pour BlackBerry ce comité est chargé "d'explorer des options stratégiques pour augmenter sa valeur et améliorer son échelle en vue d'accélérer le déploiement de Blackberry 10", la dernière version de son système d'exploitation.
"Il semble que BlackBerry se rapproche de la fin", a estimé Jeff Kagan, analyste du secteur des télécoms en rappelant que clairement le fabricant de smartphone ne vendait pas assez de nouveaux téléphones.
Si au tout début des années 2000 le smartphone BlackBerry a été l'outil indispensable de tous les responsables d'entreprises et des politiques en Amérique du nord et en Europe, il n'a cependant jamais réussi à percer sur le marché asiatique.
L'étoile BlackBerry a pâli avec l'arrivée de l'Américain Apple et de son iPhone au tout début de 2007. En bourse à partir de cette date, l'action a débuté son déclin inexorable. De plus de 200 dollars, le prix de l'action est tombé à environ 10 dollars lundi.
BlackBerry a joué en solo avec un système d'exploitation propriétaire dans ses téléphones quand le géant Coréen Samsung s'appuie sur le système Android comme l'autre Coréen LG ou encore le Chinois Huawei.
Au niveau mondial BlackBerry ne pèse plus que 3% du marché mondial des smartphones quand le système Android équipe 8 téléphones sur 10 dans le monde et Apple 13%.
Le groupe Microsoft est même repassé devant BlackBerry depuis le début de l'année avec son Windows Phone et grâce au Finlandais Nokia.
Dans l'impasse
BlackBerry semble dans l'impasse et la vente n'est pas synonyme de sauvetage pour cette emblème de la technologie au Canada. "La question est de savoir qui voudrait acheter BlackBerry", a estimé Joe Rundle responsable de marché chez ETX Capital. "Des ventes difficiles, l'échec stratégique et des produits peu attractifs signifient que l'acquisition de BlackBerry pourrait être fatal à l'un de ses rivaux", a-t-il ajouté.
"Cela va être difficile" de vendre a aussi reconnu Ian Lee, professeur à l'école de commerce Sprott d'Ottawa. Il est pratiquement impossible qu'un groupe chinois achète BlackBerry car et le gouvernement canadien, poussé par les Américains, s'y opposerait, a-t-il poursuivi.
BlackBerry a "perdu son avantage compétitif" et "le marché est passé maintenant", a jugé Ian Lee qui, dans le meilleur des cas, estime que seul Microsoft pourrait trouver un intérêt commercial à acquérir le fabricant canadien.
Outre une gamme de produits peu diversifiée, le groupe BlackBerry souffre aussi d'une réputation entamée par des pannes importantes comme en 2011 où son service avait été interrompu pendant plusieurs heures.
Pour Joe Rundle, le réseau social Facebook qui cherche à se lancer sur le téléphone intelligent où le site de commerce Amazon pour élargir l'audience de sa liseuse Kindle pourraient aussi se manifester auprès du comité.
La vente n'est pas forcément impossible et "c'est une option intéressante qui doit permettre à BlackBerry de se réinventer à l'abri de la pression du marché boursier", a indiqué Carl Simard, patron du cabinet de gestion de portefeuille stratégique Medici.
De plus le groupe ne vaut pas très cher et, selon M. Sicard, pourrait se vendre à un peu plus de 4 milliards de dollars.
En attendant les résultats des explorations du comité, le président du conseil d'administration de BlackBerry, qui était aussi à la tête de Fairfax Financial premier actionnaire du groupe canadien, a démissionné lundi.