Le secteur de la construction en France, qui connaît une sérieuse baisse d'activité à cause de la crise, devrait perdre 47.000 emplois en 2009 après en avoir crée 350.000 en 11 ans, malgré le plan de relance et les mesures du Grenelle de l'environnement.
En raison d'une baisse de l'activité de l'ordre de 4,6% en 2009, le nombre d'emplois devrait chuter, par rapport à 2008, de près de 3% en 2009 (47.000), dont plus d'un tiers de travailleurs intérimaires, la première baisse depuis 1997, selon des prévisions du ministère de l'Ecologie publiées mercredi.
Le ministère estime que dans l'hypothèse la plus optimiste, la baisse d'activité pourrait n'être que de 3,5%. Dans l'hypothèse la plus pessimiste, elle serait de 5,7%.
Les secteurs les plus touchés sont la construction de bâtiments neufs (-9% en volume d'activité pour 2009) et, dans une moindre mesure, les travaux publics (-4,7%).
Les activités d'entretien et d'amélioration des bâtiments résistent mieux (-0,8% en 2009), mais ne suffisent plus à compenser pleinement la baisse d'activité des autres marchés.
Malgré une diminution de 2,3% de l'activité en 2008, après le record de 2007 (176,7 milliards d'euros), la construction avait encore réussi à avoir un solde net de créations d'emplois de 13.000 l'année dernière, indique le ministère.
Mais "la poursuite de la dégradation du contexte économique et financier" a eu raison de la création, ininterrompue depuis 1997, d'emplois permanents qui avait permis d'augmenter de 350.000 ce chiffre jusqu'en 2008.
Fin 2008, le secteur de la construction employait 1,6 million de travailleurs dont 143.000 intérimaires.
"S'il y a destruction d'emplois, c'est parce que le secteur en a beaucoup créé. Entre 2002 et 2007, 41% de la création totale d'emplois en France provenait de la construction", souligne pour l'AFP Mathilde Lemoine, directeur des études économiques de la banque HSBC France.
Selon elle, "la France avait trop orienté sa croissance vers la construction et l'immobilier au détriment de l'industrie et des services innovants".
"L'activité aurait été encore plus dégradée en l'absence des mesures du plan de relance et du Grenelle de l'Environnement", a souligné Françoise Maurel, chef du service économique au commissariat général du développement durable du ministère de l'Ecologie, lors d'une conférence de presse.
Mais le ministère s'est dit dans l'impossibilité de chiffrer, pour le moment, les effets de ces mesures aussi bien pour 2009 que pour 2010. "Il y a trop d'incertitudes pour annoncer un chiffre", a déclaré Mme Maurel.
La mise en oeuvre du Grenelle de l'Environnement représente un investissement total de 440 milliards d'euros sur la période 2009-2020, dont plus de 300 milliards pour le secteur de la construction répartis entre le bâtiment (205 milliards) et les infrastructures de transport (97 milliards), souligne le ministère.
La chute brutale des mises en chantier de logements neufs (30% de l'activité du bâtiment) devrait à se poursuivre en 2009 pour tomber à environ 335.000 (soit une nouvelle baisse de 9%) contre 368.609 en 2008 et surtout 437.086 en 2007, selon le ministère.
Les entrepreneurs du bâtiment espèrent seulement "une reprise de l'activité à partir de la fin de l'année", avait déclaré Didier Ridoret, le président de la Fédération française du bâtiment (FFB), vendredi à l'occasion des "24 heures du bâtiment", qui réunissaient à Paris plus de 10.000 chefs d'entreprises et artisans du secteur.