La grande banque suisse UBS a révisé dimanche à la hausse, à 2,3 milliards de dollars, sa perte due à une fraude attribuée à un trader de 31 ans, ce qui n'a pas empêché le directeur général Oswald Gruebel de se considérer comme non coupable et d'écarter toute démission.
Dans un long communiqué publié trois jours après l'annonce de cette gigantesque fraude, la banque a estimé que ces agissements lui coûteront 300 millions de dollars de plus que les 2 milliards précédemment avancés.
La banque a précisé avoir pris toutes les dispositions pour couvrir les positions prises par le trader Kweku Adoboli, arrêté à Londres et aujourd'hui en prison, et que les activités concernées fonctionnaient "à nouveau normalement".
La banque a répété qu'aucune position de clients n’avait été affectée.
De son côté, le directeur général de la banque, Oswald Gruebel, est sorti de son silence en déclarant dans le journal dominical suisse Sonntag qu'il ne se sentait pas coupable dans cette affaire de fraude et qu'il n'avait aucune intention de démissionner.
"Je suis responsable de ce qui se passe dans la banque. Mais si vous me demandez si je me sens coupable, alors je vous dis non", a déclaré ce banquier, qui a été tiré de sa retraite il y a deux ans pour redresser l'UBS après avoir dirigé la banque rivale Credit Suisse.
Lorsque quelqu'un décide d'agir de façon criminelle, "vous ne pouvez rien faire", a-t-il déclaré.
M. Gruebel avait pris la tête de l'UBS au plus fort de la crise financière, alors que la banque enregistrait des pertes record. Il l'avait ramenée au bénéfice en 2010.
Un autre hebdomadaire suisse, NZZ am Sonntag a cité sans le nommer un membre du conseil d'administration de l'UBS qui a indiqué qu'Oswald Gruebel avait toujours le soutien d'un des grands actionnaires de la banque, le fonds d'investissement singapourien GIC.
UBS avait révélé jeudi qu'un de ses traders à Londres aurait provoqué une perte de 2 milliards de dollars (1,5 milliard d'euros) après avoir effectué des "opérations non autorisées". Ce trader de 31 ans, Kweku Adoboli, a été inculpé et placé en détention vendredi à Londres.
Les gendarmes des marchés financiers en Suisse et au Royaume-Uni ont annoncé vendredi qu'ils lançaient des enquêtes "indépendantes" sur cette perte.
Dimanche, la banque a précisé que les positions prises par le trader "rentrent dans le cadre du flux d’activité normal d’une grande maison de courtage d’actions internationale au sein d'un portefeuille", car elles étaient couvertes par d'autres positions, mais qui se sont révélées fictives.
Ces transactions fictives "cachaient" le fait que les transactions sur les fonds "dépassaient les limites de risque d'UBS".
Le trader spéculait sur des fonds liés à l'évolution des grands indices boursiers.
Suite à cette fraude, le conseil d’administration d’UBS a créé un comité "spécial chargé de mener une enquête indépendante sur les activités de négoce non autorisées et sur leur lien avec l’environnement de contrôle".
Ce comité est présidé par David Sidwell, un ancien patron de la banque Morgan Stanley.
Les autres membres du comité sont Ann Godbehere, anciennne dirigeante de la compagnie d'assurance Swiss Re et Joseph Yam, un ancien responsable de la banque centrale de Hong Kong.
A l'annonce de la fraude, jeudi dernier, l'action UBS avait dégringolé de plus de 10%. Le lendemain, l'action avait rebondi de 5%.