Le Fonds monétaire international a estimé jeudi que les politiques de rigueur budgétaire comme celles menées en Europe allaient davantage peser à court terme sur la croissance économique et sur l'emploi que lors d'autres épisodes de réduction des déficits.
Quand un gouvernement entreprend de réduire le déficit, "il y a un sacrifice à court terme, et des bénéfices sur une plus longue période", a affirmé un économiste du FMI, Daniel Leigh, lors d'une conférence de presse consacrée à un chapitre des "Perspectives économiques mondiales" publié jeudi.
"Notre analyse montre que la consolidation des budgets nuit généralement à l'activité économique à court terme", indique le FMI dans un communiqué résumant ce chapitre.
Or, a-t-il poursuivi, cette tendance devrait être encore plus sensible que cela a été le cas dans le monde sur les 30 dernières années: "dans le contexte actuel, la consolidation aura probablement des effets de court terme plus négatifs que d'habitude".
Les pays qui doivent réduire leur déficit n'ont en effet plus à leur disposition deux de leurs armes habituelles pour atténuer les répercussions de la rigueur: la baisse du taux d'intérêt directeur de la banque centrale, car il est déjà au plancher, et les exportations vers les pays en phase d'expansion, car les pays européens par exemple ont beaucoup de partenaires commerciaux qui mènent la même politique de rigueur.
"Après deux ans, une réduction du déficit budgétaire de 1% du PIB tend à diminuer l'activité économique d'environ un demi pour cent et à augmenter le taux de chômage d'un tiers de point de pourcentage", a calculé le FMI.
"La contraction de l'activité peut être plus de deux fois plus forte que notre estimation de base lorsque les banques centrales ne sont pas en mesure d'abaisser leurs taux d'intérêt, et lorsque l'ajustement budgétaire est simultané dans tous les pays", a-t-il prévenu.
Néanmoins, le FMI a continué de plaider pour cette rigueur budgétaire, au moment même où elle provoque des manifestations dans de nombreux pays d'Europe.
"Il y a un large consensus sur le fait que réduire la dette a des bénéfices importants à long terme", car "une dette réduite permet de diminuer les taux d'intérêt réels et les coûts du service de la dette, ce qui permet plus tard des réductions d'impôt", a-t-il souligné.
Et "pour les économies considérées comme présentant un risque élevé de défaut de l'Etat sur sa dette, les effets négatifs à court terme (de la rigueur) ont des chances d'être moindres", a relevé le Fonds, sans citer de pays en particulier.
"Il est très important, je pense, que nous diffusions ce message selon lequel la consolidation est nécessaire. Je veux dire par là que quand on a de grands déficits budgétaires, c'est comme une famille qui dépense constamment plus qu'elle ne gagne, cela ne peut pas continuer éternellement", a déclaré le directeur adjoint de la recherche au FMI, Jörg Decressin.
"Nous devons aussi être clairs sur le fait qu'il y a des sacrifices à court terme. C'est pour cela que les gens sont inquiets à ce stade. Mais si nous avons une bonne évaluation des gains à long terme, alors nous espérons que cela aidera à faire avancer le débat en Europe", a-t-il conclu.