L'économie russe, qui fera probablement encore pire que prévu cette année, va commencer à relever la tête en 2010, mais le pays doit revoir son modèle de développement pour renouer avec une croissance digne de l'avant-crise, ont estimé mardi la Banque mondiale et la BERD.
Dans un rapport publié mardi à Moscou, la Banque mondiale (BM), qui tablait jusqu'à présent sur une chute de 7,9% du produit intérieur brut (PIB) russe cette année, a assombri ses prévisions pour la troisième fois depuis avril.
"Nous prévoyons une contraction du PIB de 8,7% en 2009 malgré une hausse des prix du pétrole, suivie d'une hausse de 3,2% en 2010", écrit-elle, expliquant que la chute de la consommation et l'assèchement du crédit ont été plus importants que prévu au premier semestre.
Le pronostic pour 2009 est plus pessimiste que celui des autorités russes: en octobre, le président Dmitri Medvedev avait estimé que le PIB allait chuter de 7,5% en 2009, alors que le gouvernement évoquait jusqu'alors une baisse comprise entre 8 et 8,5%.
La Banque mondiale note toutefois qu'au troisième trimestre, la Russie a connu une "reprise modeste de la croissance", avec notamment une amélioration de la production industrielle, en raison notamment de la "relance naissante de la demande mondiale" et de la hausse des "prix des matières premières".
En 2010, l'économie russe devrait se reprendre et grimper de 3,2%, estime encore la BM.
Lors d'une conférence de presse, Sergueï Oulatov, économiste pour la Banque mondiale, a expliqué cette prévision par le fait que la Russie partait de très bas. "Nous voyons une reprise très lente au cours des quatre trimestres de 2010", a-t-il ajouté.
De son côté, Thomas Mirow, président de la Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD), active dans les pays de l'ancien bloc soviétique, a rappelé mardi, lors d'une conférence à Moscou, que son institution prévoyait des chiffres similaires, soit une chute de 8,5% du PIB en 2009 et une croissance de 3,1% en 2010.
Alors qu'on lui demandait si le pire de la crise était passé en Russie, le responsable a répondu: "il semble que oui".
Il a toutefois remarqué que quelques risques demeuraient, notamment dans le secteur bancaire, et qu'il fallait voir comment réagirait l'économie et la consommation russe une fois que le gouvernement mettrait fin à ses plans de relance.
Mais pour les deux institutions internationales, le principal défi pour la Russie, qui dépend toujours fortement de ses exportations d'hydrocarbures, est aujourd'hui de repenser son modèle économique, si elle veut renouer avec une croissance digne de l'avant-crise.
"Le PIB réel de la Russie ne reviendra au niveau d'avant la crise que fin 2012. Et sans une base économique plus productive, diversifiée et compétitive, sa croissance à long terme sera sans doute plus lente qu'au cours de la dernière décennie", estime ainsi la BM.
Le ralentissement économique "a mis en lumière l'importance de diversifier la production et les exportations", a déclaré pour sa part Thomas Mirow.
Des constats partagés par les autorités russes, qui ont reconnu à plusieurs reprises ces derniers temps que le pays allait droit dans le mur s'il comptait uniquement sur ses matières premières pour se développer.
Dans cette optique, la Russie doit améliorer son climat d'investissement, ont convenu les deux institutions, alors que nombre d'hommes d'affaires étrangers estiment qu'il s'agit de l'un des points faibles du pays.