Les marchés asiatiques, premiers à ouvrir lundi, ont salué la victoire de la droite aux élections grecques qui écarte le spectre d'une sortie de la Grèce de la zone euro mais les analystes préviennent des difficultés à venir, pour Athènes et pour l'Europe.
Les principales Bourses d'Asie ont ouvert en nette hausse, l'euro s'est redressé face au dollar et les cours du pétrole progressaient.
A la pause de la mi-journée, l'indice Nikkei 225 des valeurs vedettes de la Bourse de Tokyo affichait un gain de 1,76%. Vers 03H15 GMT, Sydney prenait 1,82%, Hong Kong 1,65% et Séoul 2,06%.
La victoire à l'arraché de la droite pro-euro aux législatives en Grèce dimanche, cruciales pour l'avenir du pays et de la zone euro, semble donc avoir rassuré les marchés, qui attendent cependant la formation d'un gouvernement crédible autour du dirigeant conservateur Antonis Samaras.
Sur le marché des changes, l'euro progressait et valait 1,2696 dollar et 100,60 yens à 03H15 GMT, contre 1,2644 dollar et 99,47 yens vendredi soir à 21H00 GMT, à la fermeture à New York. Il avait atteint quelques heures auparavant 1,2747 dollar et 100,84 yens.
Mais le pays se retrouve "au point où il en était avant" le scrutin du 6 mai qui avait vu la victoire des partis anti-euro, prévient Yoshikiyo Shimamine, analyste au Dai-ichi Life Research Institute à Tokyo. Les craintes d'une faillite de la Grèce --assortie à une sortie de la zone euro-- sont écartées à court terme mais la Grèce risque "une spirale de politiques d'austérité" qui plombe l'économie et creuse la dette, selon l'analyste.
Par ailleurs l'Europe doit prendre des mesures énergiques pour éviter un effet domino qui emporterait l'Italie et l'Espagne fragilisées par les difficultés de leurs banques et l'envol de leurs taux d'emprunt sur les marchés obligataires. "L'inquiétude des marchés s'apaiserait grandement si les risques de contagion étaient dissipés", faute de quoi "l'euro retombera bientôt", selon Yoshikiyo Shimamine.
Pour John Horner, analyste de la Deutsche Bank à Sydney, "il reste beaucoup de points d'interrogation quant à la capacité de la Grèce à assumer ses engagements et à la réelle faiblesse de son économie".
La victoire de la droite grecque donne du répit aux marchés mais "les incertitudes à moyen terme demeurent", a-t-il averti, cité par l'agence Dow Jones.
Les cours du pétrole s'affichaient eux aussi en hausse à Singapour. Dans la matinée, le baril de "light sweet crude" (WTI) gagnait 90 cents US à 84,93 USD, et celui de Brent de la mer du Nord s'appréciait de 1,48 USD à 99,09 USD.
"Il semble tout simplement que la peur l'a emportée sur la colère. Pour faire simple, les Grecs ont compris que s'ils votaient pour une sortie de la zone euro, cela n'apporterait que plus de difficultés à court terme", ont estimé les analystes de DBS Bank à Singapour dans une note.
Les marchés attendent désormais la tenue cette semaine d'un G20, d'un Eurogroupe et d'une réunion européenne à quatre (Allemagne, France, Espagne et Italie), avant un sommet des 27 pays de l'UE fin juin, afin de connaître plus précisément la suite que donneront les bailleurs de fonds de la Grèce à ces élections.
Des informations de presse ont également circulé selon lesquelles les banques centrales prendraient des mesures pour soulager les marchés.
Cette élection pleine de suspense a maintenu en haleine aussi bien les milieux financiers que les gouvernements des pays de la zone euro et d'ailleurs, qui craignaient une sortie précipitée de la Grèce du club si le candidat de la gauche radicale anti rigueur Alexis Tsipras l'emportait.
Dès dimanche soir, les dirigeants européens ont tendu la main à Athènes pour faciliter la mise en oeuvre des réformes et la formation d'un gouvernement de droite pro euro.
Berlin a ainsi envoyé le signal d'une inflexion dans sa position traditionnellement intransigeante à l'égard des réformes à mener pour renforcer la compétitivité de l'économie grecque en pleine crise.
Le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle a évoqué des discussions sur "les délais" pour la mise en oeuvre du programme de réformes négocié par Athènes avec l'UE et le FMI en échange de son sauvetage financier.
Selon des résultats officiels portant sur 85% des voix exprimées, la Nouvelle Démocratie, dirigée par M. Samaras, a obtenu 29,96% des voix, soit 130 sièges sur les 300 du parlement, en bénéficiant de la prime de 50 sièges accordée par la loi électorale au premier parti.