Le gouvernement a annoncé mercredi un "pacte pour l'artisanat" censé attirer plus de jeunes vers des secteurs qui peinent à embaucher et faciliter la reprise d'entreprises, en promettant notamment la redéfinition d'un statut de l'artisan et un meilleur accompagnement.
Selon la ministre de l'Artisanat Sylvia Pinel, ces "33 leviers" présentés en Conseil des ministres sont "un prolongement du pacte de compétitivité" du gouvernement.
Ils visent à "renforcer l'attractivité de métiers souvent mal connus", "contribuer au développement économique de l'artisanat, sur le marché intérieur comme à l'export" et "promouvoir et protéger nos savoir-faire", a-t-elle déclaré lors d'une conférence de presse à Bercy.
L'Union professionnelle artisanale (UPA) a estimé dans un communiqué que ces orientations répondaient "assez largement" à ses préoccupations. "Mais elles sont autant d'objectifs qui nécessiteront d'être confirmés par des mesures précises", a souligné l'organisation patronale, appelant une fois de plus à "supprimer les distorsions de concurrence générées par le régime de l'auto-entrepreneur", un point épineux absent du plan gouvernemental.
Ce "pacte" doit répondre, a précisé Sylvia Pinel, aux "sept enjeux" de ce secteur.
Le premier enjeu est l'emploi, dès lors que, malgré la flambée du chômage notamment des jeunes, "de nombreux métiers artisanaux sont aujourd'hui en tension pour employer" voire, comme la production industrielle ou les métiers de bouche, "se trouvent même en situation de pénurie de main d'oeuvre", a-t-elle expliqué.
Par des "actions de sensibilisation", dont une Semaine de l'Artisanat en mars, le gouvernement compte "inciter les jeunes à s'orienter vers ces filières" et leurs "50.000 postes à pourvoir".
Le deuxième enjeu est de faciliter la transmission des entreprises, car 63% des sociétés artisanales ne sont pas reprises lors d'un départ à la retraite. Alors que "30.000 artisans partiront en retraite tous les ans durant les cinq prochaines années, la jeune génération doit prendre la relève", a plaidé la ministre, promettant un "kit d'informations" sur la transmission diffusé à la rentrée 2013 aux artisans âgés de 57 ans.
La troisième "priorité" est "la promotion de nos savoir-faire et la protection de nos productions locales", avec l'extension, déjà promise dans le cadre du futur projet de loi sur la consommation attendu d'ici fin mars, des indications géographiques protégées aux biens manufacturés alors qu'elle est limitée jusqu'ici aux produits alimentaires. Sylvia Pinel aimerait étendre cette idée au niveau européen.
Un mécanisme d'alerte pourrait être créé pour prévenir les collectivités locales "en cas d'utilisation commerciale de leur nom" par des producteurs extérieurs, comme dans le cas récent du couteau de Laguiole.
Le quatrième point sera une "redéfinition du statut de l'artisan" vers "la fin de l'année". Le cinquième prévoit un renforcement du rôle des chambres de métiers et de l'artisanat dans l'accompagnement des entreprises, tandis que le sixième enjeu porte sur la garantie de "financements performants et de proximité", notamment via la Banque publique d'investissement.
Enfin, dernier enjeu, le gouvernement veut améliorer "l'environnement" de l'artisanat en encourageant les "groupements d'entreprises artisanales" ou les "coopératives artisanales" afin que de petites structures atteignent la "taille critique" pour avoir accès à certains marchés difficiles pour elles, comme les commandes publiques.