Le groupe Electricité de France (EDF) a averti jeudi que le recul sensible de sa production d'électricité nucléaire cette année, due à des accidents et à des mouvements sociaux, allait peser sur ses résultats financiers.
Le plus grand exploitant de réacteurs nucléaires au monde a indiqué dans un communiqué que sa production s'était contractée depuis le début de l'année "en raison principalement des répercussions des mouvements sociaux du printemps".
En outre, "depuis fin octobre, le parc nucléaire en France a connu plusieurs arrêts fortuits, liés en particulier à des équipements (générateurs de vapeur, alternateurs), dont le remplacement était nécessaire et déjà programmé pour partie dès 2010", souligne EDF.
Dix-huit des 58 réacteurs nucléaires français étaient arrêtés en début de semaine dernière pour des accidents ou pour des opérations de maintenance et de rechargement en uranium.
Ces arrêts conduisent EDF à tabler sur une production d'électricité nucléaire de 390 térawattheures (TWh) en 2009, en baisse de 6,6% par rapport à 2008.
Par rapport à 2005, où elle avait atteint 429,2 TWh, la production nucléaire du groupe va même reculer de 9,1%.
En conséquence, EDF indique qu'il n'atteindra pas 81% de disponibilité de son parc nucléaire en 2009, comme il l'avait annoncé en début d'année. Le groupe vise les 85% en 2011.
Le taux de disponibilité du parc nucléaire français est tombé de 83,4% en 2005 à 79,2% en 2008.
Le Premier ministre, François Fillon, avait critiqué la semaine dernière un "problème d'organisation et de calendrier de maintenance" dans la gestion du parc nucléaire, estimant qu'il n'était "pas normal" qu'il fonctionne à seulement 80% de ses capacités.
Cette baisse de la production nucléaire conduit par ailleurs le groupe à revoir ses prévisions de résultats financiers pour 2009.
EDF, qui produit 88% de son électricité à partir d'énergie nucléaire, s'attend désormais à un bénéfice net courant en baisse de plus de 5,5% sur l'année. En juillet, le groupe avait seulement indiqué que cet indicateur ne "progresserait pas".
De même, le résultat brut d'exploitation (Ebitda) devrait être "proche" de celui de 2008, hors effet de change et de périmètre, alors qu'il était jusqu'à présent attendu en "croissance modérée".
En revanche, le bénéfice net part du groupe devrait être en "progression significative", indique EDF.
EDF a par ailleurs annoncé que son chiffre d'affaires avait progressé de 2,9% sur le 3e trimestre, atteignant 13,44 milliards d'euros. Cette hausse est due essentiellement au rachat de l'exploitant de centrales nucléaires British Energy, qui a fait bondir de 40,7% les ventes du groupe au Royaume-Uni.
En France, les ventes accusent en revanche une baisse de 2,7%, la hausse de la consommation des ménages n'ayant que très partiellement compensée la baisse de la demande des industriels.
Le chiffre d'affaires a reculé de 0,8% en Allemagne et de 10,2% en Italie.
Sur les neuf premiers mois de l'année, le chiffre d'affaires du groupe est en hausse de 6,7% et de 1,3% en France.