La compagnie aérienne privée Mexicana s'est vu accorder jeudi par un juge mexicain la protection contre la faillite, ce qui lui permettra de tenter de résoudre ses difficultés financières tout en continuant à fonctionner.
La compagnie aérienne, une des deux plus importantes du pays avec Aeromexico, avait annoncé mardi avoir sollicité au Mexique et aux Etats-Unis cette protection, impliquant un réechelonnement de ses créances, dans le but de "restructurer ses coûts et assurer sa viabilité".
Le lendemain, elle suspendait la vente de ses billets.
Les problèmes de Mexicana, dont la dette avoisine les 800 millions de dollars (609,8 millions d'euros), sont les plus importants dans le transport aérien depuis ceux de Japan Airlines, en redressement judiciaire après sa déclaration de faillite en janvier, selon Dow Jones Newswire.
"Un juge fédéral nous a accordé la protection légale sollicitée" pour éviter de possibles actions en justice de créanciers contre la compagnie, s'est réjoui auprès de l'AFP une source de Mexicana sous couvert de l'anonymat.
Cette décision permettra à l'entreprise de continuer ses opérations, a ajouté une source judiciaire, précisant que le juge avait pris des mesures pour que les biens de la compagnie ne soient pas réclamés par ses 82 créanciers.
La compagnie conserve ainsi sa concession et ses permis de vols, tandis que la saisie des avions loués est interdite, a précisé cette source.
Deux des 64 appareils de Mexicana avaient été saisis vendredi au Canada "pour éclaircir l'état d'accomplissement des obligations envers un loueur, avait indiqué sa direction dans un communiqué. Un autre avion l'avait été aux Etats-Unis, selon un porte-parole de la compagnie, Adolfo Crespo.
Mexicana a toutefois suspendu mercredi ses ventes de billets, pour "protéger les passagers le temps que les négociations avec les syndicats aboutissent", selon une source de la compagnie. Mais les personnes ayant déjà acheté des billets pourront voyager sur des compagnies partenaires, a-t-elle précisé.
Les vols nationaux seront assurés par les filiales à bas coûts de Mexicana, Link et Click, tandis que les vols internationaux seront transférés aux compagnies aériennes de l'alliance Oneworld, dont fait partie Mexicana (avec British Airways, American, Quantas, Iberia et Lan Chile, entre autres).
La compagnie mexicaine attribue ses difficultés financières à la baisse des activités du secteur en 2009 en raison de la crise économique mondiale, et à ses charges de personnel élevées.
La direction a proposé aux syndicats de pilotes et personnels de vols une réduction de salaire et primes de 39 à 41%, ce qu'ils ont refusé, tout en se disant prêts à "négocier".
Mexicana a annoncé des pertes de 350 millions de dollars (266,8 millions d'euros) depuis 2006, et sa dette avoisine 786 millions de dollars, pour plus de 865 millions de dollars d'actifs, selon Adolfo Crespo, porte-parole du groupe.
En tout, 22.000 passagers prenaient chaque jour Mexicana, sur 220 vols, selon la compagnie.