La croissance économique des Etats-Unis s'est accélérée au troisième trimestre mais les chiffres officiels du PIB américain publiés vendredi montrent qu'elle reste insuffisante pour permettre au chômage de baisser véritablement.
De juillet à septembre, le produit intérieur brut du pays a progressé de 2,0% en rythme annualisé par rapport au deuxième trimestre, où il avait crû de 1,3%, a indiqué le département du Commerce.
A dix jours de l'élection présidentielle devant opposer le président sortant Barack Obama au candidat du Parti républicain, Mitt Romney, le taux de croissance officiel apparaît avoir retrouvé son niveau du premier trimestre, mais reste inférieur au minimum requis (2,3 à 2,5% selon la banque centrale) pour permettre au chômage de baisser.
Le taux de chômage américain était officiellement de 7,8% en septembre, soit autant qu'à l'arrivée de M. Obama à la Maison Blanche en janvier 2009, et la question de l'état de l'économie nationale est au coeur des enjeux de cette élection, d'autant que la baisse du taux de chômage découle essentiellement de la non-comptabilisation d'un nombre croissant de chômeurs découragés.
"Nous avons reçu aujourd'hui une nouvelle série de nouvelles économiques décourageantes", a affirmé M. Romney dans un communiqué: "Croissance économique lente égale lente croissance de l'emploi et baisse du salaire net. Voilà le résultat de quatre années de présidence de M. Obama."
La Maison Blanche a insisté de son côté sur la poursuite de la reprise économique, pour le "treizième trimestre d'affilée". Reconnaissant qu'il restait encore fort à faire pour sortir le pays de la crise, elle a estimé dans un communiqué que les chiffres du PIB constituaient "une preuve supplémentaire de ce que l'économie progresse dans la bonne direction".
"Croissance médiocre"
Selon les chiffres du gouvernement, l'accélération de la croissance économique par rapport au deuxième trimestre a été tirée surtout par la consommation des ménages, qui a assuré à elle seule 71% de l'augmentation du PIB, et par les dépenses publiques militaires.
Celles-ci ont connu au troisième trimestre leur augmentation la plus forte en plus de trois ans (13,0%) et ont fait gagner 0,6 point de croissance au pays pendant l'été.
A l'inverse, la hausse du PIB apparaît avoir été freinée par le commerce extérieur, l'investissement privé hors logement et la baisse des stocks agricoles provoquée par la sécheresse qui touche le pays, et en particulier les grandes plaines du Centre, depuis la mi-juin.
Pour Nigel Gault, économiste du cabinet IHS Global Insight, la croissance économique ne s'accélère qu'en apparence.
La hausse de la dépense publique, responsable à elle seule de l'augmentation du taux de croissance par rapport au deuxième trimestre "ne se répétera pas", et, "d'une manière générale, l'économie ne dispose toujours que d'un élan fragile", note-t-il, estimant que la croissance ne devrait pas dépasser 2,0% pour les trois derniers mois de l'année.
Son confrère Peter Newland, de Barclays Capital est d'un avis similaire. Pour lui, "rien dans les chiffres du PIB ne laisse penser que l'activité américaine s'écarte, pour le meilleur ou pour le pire, de la voie d'une croissance médiocre".
Elément encourageant néanmoins, l'Université du Michigan a annoncé vendredi que son indice mesurant le moral des ménages américains était remonté en octobre à son plus haut niveau en cinq ans, en dépit de toutes les incertitudes qui planent sur l'avenir de l'économie du pays.