Le nouveau Premier ministre britannique, le conservateur David Cameron, et son numéro deux, le libéral-démocrate Nick Clegg, ont fait mercredi de l'économie leur priorité, tout en défendant la solidité d'une coalition "historique", sans précédent depuis 1945.
"Il s'agit d'une aventure commune et non d'équipes concurrentes", a assuré M. Cameron dans sa première conférence de presse avec son vice-Premier ministre M. Clegg, depuis la conclusion mardi soir de l'accord de coalition.
Dans une mise en scène à l'américaine voulant visiblement rompre avec la sobriété du gouvernement précédent, le nouveau tandem à la tête du pays s'est adressé aux journalistes dans le jardin ensoleillé de Downing Street, les bureaux du Premier ministre.
"Ce sera une administration unie derrière un objectif clé: donner à notre pays le gouvernement fort, stable et décisif qu'il nous faut", a asséné M. Cameron, citant parmi les "défis" à relever un "terrible héritage économique", dans une allusion aux 13 ans de gouvernements travaillistes, dont trois sous l'ancien Premier ministre Gordon Brown.
Tandis que certains médias doutent de la longévité du mariage de raison entre des conservateurs de droite et des Lib Dems de centre-gauche, M. Clegg a à son tour promis "un gouvernement stable", "qui va durer" et capable de "réformes radicales".
"Il y aura des secousses et des égratignures en route", a-t-il reconnu, mais "nous sommes unis autour d'un objectif commun".
Faisant assaut de politesse après une campagne où ils ne s'étaient épargné aucune pique, les deux hommes ont inscrit la coalition sur une durée de "cinq ans", le nouveau mandat qu'ils veulent imposer au Parlement, mettant ainsi fin au système actuel où le Premier ministre peut décréter des législatives à peu près quand bon lui semble.
Les libéraux-démocrates ont promis de "travailler main dans la main" avec les conservateurs, et des Lib Dems seront représentés à "tous les niveaux" du gouvernement, a assuré M. Cameron, évoquant plusieurs fois un gouvernement "historique" et une "nouvelle façon de faire de la politique".
Parmi les priorités de la nouvelle équipe, la réduction du déficit public sans entraver la croissance est "le problème le plus urgent", selon l'accord de coalition, qui ne semble pas avoir eu de réelle influence sur la Bourse de Londres, laquelle a clôturé en hausse de près de 1%.
Le gouvernement entend mettre fin à la hausse des cotisations sociales voulue par les travaillistes et indique "que des baisses de dépenses modestes, de l'ordre de 6 milliards de livres (7 milliards d'euros) sont possibles" sur l'année en cours. Un "budget d'urgence" sera présenté dans les 50 jours et une taxe spécifique sur les banques sera levée.
Dans une concession majeure des libéraux-démocrates europhiles aux Tories eurosceptiques, la coalition promet de ne pas abandonner la livre au profit de l'euro durant la durée de la législature. Les Lib Dems avaient fait campagne sur leur ambition "à long terme" d'adopter la devise européenne.
Ils héritent de cinq sièges dans le gouvernement restreint ("Cabinet"): outre M. Clegg, Vince Cable devient ministre du Commerce, Chris Huhne, ministre de l'Energie, Danny Alexander, ministre à l'Ecosse, et David Laws, secrétaire d'Etat au Trésor (avec rang de ministre).
Nick Clegg aura plus particulièrement en charge la réforme politique et constitutionnelle.
Du côté des conservateurs, George Osborne a été nommé aux Finances, l'eurosceptique William Hague aux Affaires étrangères, et Liam Fox à la Défense. Theresa May prend l'Intérieur et Kenneth Clarke la Justice.