Air France reprenait de l'altitude vendredi après avoir obtenu un accord crucial des pilotes pour le plan de restructuration d'une compagnie qui aligne les pertes depuis quatre ans.
Le titre du groupe franco-néerlandais Air France-KLM a grimpé de plus de 4% vendredi à la Bourse de Paris, après le feu vert donné par le principal syndical de pilotes au projet visant à améliorer la productivité de la branche française de l'entreprise.
Ce projet, baptisé Transform 2015, doit permettre de réaliser en trois ans 2 milliards d'économies, avec des gains de productivité de 20%. Il prévoit une réduction de 10% des effectifs d'ici fin 2013, sans licenciements.
L'accord des pilotes laisse les coudées plus franches à la direction.
Les salariés au sol, qui constituent la majorité du personnel, avaient déjà accepté les nouveaux accords d'entreprises, négociés depuis le printemps.
Les hôtesses et les stewards les ont rejetés, ce qui laisse néanmoins la direction en mesure d'imposer les nouvelles conditions de travail, en respectant toutefois de longs délais. A moins que les négociations reprennent avec cette catégorie de personnel navigant, comme le demande un syndicat.
La position de chaque catégorie n'a pas d'incidences sur les autres. Mais un refus des pilotes aurait obligé la direction à passer en force, avec risque de conflit social qui aurait encore aggravé les difficultés de la compagnie.
Celle-ci souffre de l'envolée du prix des carburants. Elle subit aussi depuis des années la concurrence des compagnies à bas coûts sur le marché intérieur et le moyen courrier et de celles des ambitieuses compagnies du Golfe sur le long courrier.
Mais elle est aussi moins compétitive et accuse de plus lourdes pertes que ses grandes rivales Lufthansa et IAG, le groupe né de la fusion de la britannique British Airways et de l'espagnole Iberia.
Le plan Transform 2015 prévoit la suppression de 5.122 postes, dont 1.712 en les départs naturels. La compagnie devra trouver 3.410 candidats au départ anticipé, dont les deux tiers au sol, et 550 chez les pilotes.
Ces derniers se sont vu proposer des primes pour aller travailler pendant trois ans dans la filiale de vols loisirs Transavia, en plein développement. Ils conserveraient leur contrat de travail Air France mais ne figureraient plus aux effectifs.
Mais la réduction des effectifs n'est qu'un des aspects de la restructuration. Air France recherche des gains de productivité des infrastructures comme des personnels.
Ainsi, elle prévoit de lancer des vols internationaux depuis Orly, pour mieux rentabiliser cette plateforme à l'ouest de Paris, où opèrent ses rivales "low cost".
Air France relie Orly aux villes de province. Ces vols, fréquentés notamment par les hommes d'affaires, se concentrent surtout en matinée et en soirée, laissant des capacités inexploitées sur d'autres plages horaires.
La compagnie assure cependant qu'il est prématuré de citer les nouvelles destinations, comme l'a fait cette semaine le journal en ligne La Tribune: Athènes, Casablanca, Istanbul et Rome.
Dans sa recherche de productivité, Air France a déjà créé l'année dernière les "bases de province", d'où opèrent des appareils et des équipages auparavant basés à Paris. Volant à des cadences accélérées depuis Marseille, Nice et Toulouse, ils font une concurrence directe aux compagnies "low cost" sur les vols intérieurs et internationaux.