Les pays de la zone euro sont engagés dans une course contre la montre pour trouver un accord en vue de stopper la crise de la dette, avec une rencontre décisive Sarkozy-Merkel à Berlin en préambule au sommet de jeudi où l'Union monétaire a rendez-vous avec son avenir.
"Nous avons demain (jeudi) un sommet déterminant pour l'avenir du pays et de l'Europe", a déclaré mercredi à Athènes le porte-parole du gouvernement grec, Ilias Mossialos.
"Il en va de la stabilité de la zone euro et il en va de l'ensemble du projet européen", lui a fait écho le ministre luxembourgeois des Finances, Luc Frieden, dans le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung.
Les marchés financiers, qui font vaciller la zone euro depuis des semaines, espèrent une réponse ferme qui ira plus loin que le seul deuxième plan de sauvetage de la Grèce à l'étude, tandis que les Etats-Unis s'inquiètent des conséquences potentiellement dévastatrices, pour leur économie, de la crise de la dette européenne.
Tous les regards sont tournés vers Berlin, qui renâcle à payer pour les autres.
Signe des divergences restant à surmonter, le président Nicolas Sarkozy a pris l'initiative d'aller à Berlin dans l'après-midi rencontrer la chancelière allemande pour débloquer la situation. Il s'agit surtout de trouver une solution sur l'implication des banques au second plan d'aide à la Grèce.
La porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse, a affirmé mercredi que l'objectif du sommet de la zone euro de Bruxelles était de trouver "une réponse durable" dès jeudi à la situation grecque.
Nicolas Sarkozy "déploie toute son énergie pour obtenir une réponse durable dès demain" au problème grec, a précisé Mme Pécresse, ajoutant qu'une "solution durable" passait "par le couple franco-allemand".
La contribution des banques est une exigence de l'Allemagne, qui craint à défaut de ne pouvoir faire accepter de nouveaux prêts à son opinion publique. Mais elle divise les Européens, qui redoutent un engrenage incontrôlable et bute sur l'opposition de la Banque centrale européenne (BCE), qui y voit un défaut de paiement de la Grèce, partiel ou total.
Une telle hypothèse obligerait en effet l'institution de Francfort à ne plus accepter les obligations de la Grèce en garantie pour prêter de l'argent aux banques. Ce qui contraindrait alors les gouvernements à renflouer eux-mêmes le système bancaire en Grèce et au-delà.
Le ministre de l'Economie François Baroin a reconnu mercredi que le degré d'implication du secteur privé faisait encore débat entre Paris et Berlin, mais a estimé qu'il y avait une "très large convergence de vues" entre les deux pays sur la nécessité de "rendre plus soutenable la dette grecque".
Avec l'Allemagne, "nous sommes d'accord sur l'objectif, nous sommes d'accord sur la méthode, nous sommes d'accord sur un calendrier qui a été resserré" et "surtout, nous ne voulons pas d'événement de crédit, c'est-à-dire une restructuration de la dette grecque" qui reviendrait à offrir aux spéculateurs "une victoire sur un plateau d'argent", a ajouté M. Baroin.
Les Européens vont se réunir sous pression intense de l'extérieur: le président américain Barack Obama s'est entretenu par téléphone avec la chancelière allemande. "Ils sont tombés d'accord sur le fait qu'il était important de traiter cette crise efficacement pour soutenir la reprise économique en Europe, ainsi que pour l'économie mondiale", a assuré la Maison Blanche, dans un signe de l'impatience croissante de Washington.
Après ses coups de semonce mardi à l'encontre des Européens, le Fonds monétaire international (FMI) a de son côté annoncé que sa toute nouvelle directrice générale, la Française Christine Lagarde, assisterait au sommet européen.
Le sommet des dirigeants de la zone euro, jeudi en milieu de journée, vise d'une part à boucler le deuxième plan de prêts promis à la Grèce afin de lui éviter la faillite. Il devrait atteindre un montant similaire au premier décidé au printemps 2010 (110 milliards d'euros).
Il s'agit, au-delà, de trouver un moyen de stopper la contagion de la crise à des pays comme l'Italie ou l'Espagne. Faute de quoi l'avenir de la zone euro serait en question.