L'Espagne, sous la pression des marchés qui doutent de sa solidité financière et de sa capacité à se redresser, ne fera pas appel à une aide internationale comme la Grèce ou encore l'Irlande, affirme lundi dans la presse la ministre de l'Economie Elena Salgado.
Interrogée sur un éventuel recours de Madrid au mécanisme international d'aide financière auquel ont été contraints de faire appel Athènes et Dublin, Mme Salgado se veut ferme.
"Non", déclare-t-elle au quotidien économique Les Echos, car "aucun de nos fondamentaux ne le justifie. La Grèce a pâti d'un déséquilibre important de ses comptes publics pas uniquement dû à la crise".
Quant à l'Irlande, ses "difficultés relèvent des banques", poursuit-elle.
Elle estime par exemple que le fonds de restructuration des banques espagnoles serait largement suffisant pour les aider en cas de lourdes pertes.
"Sa capacité est de 99 milliards d'euros, dont seuls 11 milliards ont été mobilisés jusqu'ici. Compte tenu du taux de prêt de 7%, il y a peu de risque que ce dispositif soit utilisé sans nécessité", dit Mme Salgado.
Pour mieux souligner la solidité de son pays, la ministre rappelle aussi que 95% des banques espagnoles ont été évaluées en juillet lors des tests de résistance mis en place par les régulateurs européens, contre seulement la moitié des établissements financiers irlandais.
A la suite de la crise irlandaise, et en dépit des propos rassurants de Madrid, les investisseurs se sont remis à douter de la capacité de l'Espagne à assainir ses finances publiques et relancer son économie.
La Commission européenne a d'ailleurs émis, la semaine dernière des doutes sur l'objectif du gouvernement espagnol de réduction à 6% du PIB pour le déficit public en 2011, contre 9,3% prévus cette année.
Le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero a dû annoncer dans la foulée un nouveau train de mesures anti-crise, mêlant austérité et relance.
Ces mesures vont permettre "l'accélération de la réduction des déficits publics", a affirmé lundi Elena Salgado.
Autre signe positif à l'attention des investisseurs: l'Espagne entend s'acquitter de sa quote-part, soit 12,48% du montant total, de l'aide accordée par l'Union européenne à l'Irlande via le Fonds de stabilisation européen, assure Elena Salgado.
Si elle plaide à long terme pour une "grande intégration économique et fiscale" de l'Union monétaire, la ministre espagnole estime que l'urgence est plutôt à une réduction des déséquilibres internes à la zone euro.
"En ce moment, je ne crois pas possible une harmonisation fiscale complète. Une union fiscale ne s'improvise pas", avance-t-elle.
Elena Salgado regrette enfin que la zone euro n'ait pas une "gouvernance économique à la hauteur de notre position de première puissance économique mondiale".