La Commission européenne a proposé jeudi une série de mesures pour faire face à la crise du lait, dont un assouplissement des règles de recours à des sortes de "primes à la casse" pour la restructuration du secteur.
Les Etats de l'UE qui souhaitent "réellement" venir en aide au secteur doivent pouvoir permettre le maintien des producteurs laitiers "qui ont investi et aider ceux qui veulent quitter le secteur: c'est ça la bonne politique", a déclaré lors d'un débat au Parlement européen la commissaire européenne à l'Agriculture Mariann Fischer Boel.
Concrètement, il s'agit de faciliter un système du "rachat de quotas" (plafonds de production) aux agriculteurs souhaitant quitter le secteur laitier.
Bruxelles propose de modifier les conditions dans lesquelles sont calculées les pénalités financières qui doivent être versées en cas de dépassement des quotas laitiers, et d'affecter ces fonds ainsi dégagés au financement d'aides à la reconversion.
Si des pénalités sont collectées, les parts correspondant aux quotas rachetés "pourraient alors être utilisées pour la restructuration" du secteur, a estimé Mme Fischer Boel.
Bruxelles a par ailleurs confirmé sa volonté d'autoriser temporairement les gouvernements à verser jusqu'à 15.000 euros d'aide par exploitant, sans nécessité d'un feu vert de Bruxelles.
Elle a également repris une idée proposée par la France et l'Allemagne, soutenues par quelque 16 autres pays européens, consistant à ce que le prix du lait soit fixé lors de négociations entre producteurs et laiteries ou industriels. Une option que rejettent certains éleveurs, qui craignent d'être soumis au "diktat" des industriels.
Il faudrait avoir "recours à des relations contractuelles entre producteurs laitiers et l'industrie afin de mieux équilibrer l'offre et la demande sur le marché laitier", a dit la commissaire danoise.
Elle a enfin demandé à pouvoir prendre plus facilement à l'avenir des mesures d'urgence en faveur du secteur laitier, en simplifiant les procédures.
Le secteur laitier européen traverse une crise sans précédent avec des prix dont les producteurs laitiers se plaignent qu'ils ne couvrent pas leurs coûts.
Dans une résolution adoptée jeudi, le Parlement européen appelle la Commission à faire davantage.
"Les mesures adoptées à ce stade ne suffisent pas pour aider les agriculteurs", a déploré l'Italien Paolo De Castro (Socialistes et Démocrates).
"Les paysans ont besoin de prix équitables", a aussi estimé la conservatrice irlandaise Mairead McGuinness, pour qui "la Commission a trop longtemps hésité".
Actuellement, "ce sont des dizaines de milliers d'emplois qui sont détruits dans les zones rurales", a dénoncé de son côté le leader altermondialiste José Bové, membre du groupe des Verts.
Pour sa part le ministre de l'Agriculture de Wallonie, la région francophone de Belgique, Benoît Lutgen, a accusé Mme Fischer Boel de "livrer définitivement l'agriculture au marché".
Revenir sur la décision d'arrêter à terme le système des quotas "n'est pas une option", a répondu l'intéressée, pas plus que de geler l'augmentation progressive des quotas dans les années à venir ou de revenir "à certains instruments de régulation du passé, chers mais inefficaces".