La société Salesforce est un pionnier de l'informatique dématérialisée ("cloud computing"), né de l'intuition de son PDG Marc Benioff que les outils informatiques pour commerciaux devaient être aussi faciles d'utilisation que les sites d'achat eBay ou Amazon.
Aujourd'hui, dix ans après sa naissance, Salesforce est la première société sur le marché de l'informatique dématérialisée à dépasser 1,3 milliard de dollars de chiffre d'affaires. Elle tire ses revenus des abonnements que paient ses clients pour accéder à des applications de gestion de la relation client, directement en ligne.
Le mouvement a commencé par les start-ups de la Silicon Valley séduites par un modèle plus économique que les logiciels classiques. Les sociétés de taille moyenne et les grands comptes ont suivi. Salesforce compte aujourd'hui près de 68.000 clients dont le plus gros, la Poste japonaise, représente à lui seul plus de 70.000 utilisateurs.
Pour l'ouverture de Dreamforce, la conférence qui réunissait utilisateurs et développeurs à San Francisco cette semaine, la société a annoncé une croissance flatteuse de ses résultats: au 3e trimestre, son chiffre d'affaires a progressé de 20% sur un an pour atteindre 330,5 millions de dollars et le nombre de ses clients a augmenté de 31%.
Une croissance mise entièrement sur le compte des avantages "irrésistibles" de l'informatique dématérialisée. "C'est moins cher, on peut personnaliser l'application en quelques semaines et il n'y a pas de problèmes de mises à jour", qui se font automatiquement, explique Daniel Burton, l'un des principaux dirigeants de Salesforce.
"Ils ont rendu le logiciel d'entreprise utilisable. Il y a dix ans, les applications coûtaient une fortune et les commerciaux ne les utilisaient pas", explique Sheryl Kingstone, directrice de recherche au Yankee Group.
Pour cette analyste, qui suit la société de M. Benioff depuis ses débuts, le succès de Salesforce a du coup été un moteur de l'essor de l'informatique dématérialisée.
Aujourd'hui, même les éditeurs traditionnels de logiciels se voient contraints de s'y mettre - comme Microsoft, qui a présenté cette semaine Windows Azure et SQL Azure, deux versions de ses logiciels accessibles sur internet.
A ses débuts, Salesforce.com était une simple application de gestion de la relation client. La société a ajouté une plateforme de développement baptisée Force.com qui permet à ses clients ou à des développeurs indépendants de personnaliser l'application de base.
Sur le même modèle qu'iTunes, Salesforce.com a aussi ouvert AppExchange, une plateforme commerciale où environ 850 applications sont aujourd'hui disponibles gratuitement ou à l'achat.
Salesforce.com s'est diversifiée l'an dernier avec une application destinée aux services clientèle. Pour pénétrer ce marché, la société implantée à San Francisco a acheté l'entreprise française InStranet.
"Les clients appellent de moins en moins les centres d'appel. Ils recherchent la solution sur Google ou sur des sites web. Ils envoient des emails, ils sont sur Twitter", raconte Alexandre Dayon, un ancien d'InStranet aujourd'hui devenu l'un des dirigeants de Salesforce. "Nous appliquons la même recette de simplicité d'utilisation et d'abonnement mensuel sur un nouveau marché".
A la conférence Dreamforce, la société a annoncé Chatter (bavardage), une nouvelle application qui apporte les fonctions d'un réseau social aux entreprises.
Keith Nichols est développeur chez Shawn Industries, un fabricant américain de revêtements de sol employant 30.000 personnes. "Cela fait trois ans que 600 commerciaux utilisent Salesforce sur leur Blackberry. Avant, ils n'avaient pas d'outil mobile et la société n'avait pas de visibilité sur leurs données", explique-t-il. "Chatter va permettre aux équipes de mieux communiquer."