Le Congrès américain restait divisé mardi au lendemain d'un nouvel appel au compromis du président Barack Obama qui a exhorté les républicains à agir pour éviter un défaut de paiement après le 2 août, dont les conséquences économiques pourraient être graves.
D'un côté, le président républicain de la Chambre des représentants, John Boehner, a insisté mardi sur son plan, une "approche raisonnable" selon lui pour éviter le défaut de paiement.
De l'autre, le chef de la majorité démocrate du Sénat, Harry Reid, a défendu son projet concurrent. "Le plan du Sénat est le seul vrai compromis que nous ayons au Congrès aujourd'hui, et c'est la meilleure chance d'éviter une crise économique dans une semaine", a estimé M. Reid.
Lundi soir, M. Obama avait appelé ses compatriotes à faire pression sur le Congrès, où ses adversaires sont majoritaires à la Chambre. Il a apparemment été entendu, puisque plusieurs sites internet d'élus paraissaient bloqués mardi en raison d'un trafic trop élevé, tandis que le standard du Congrès signalait un volume d'appels inhabituel.
Malgré l'approche de la date fatidique, la Maison Blanche s'est dite "confiante". "Tout en restant confiants, nous comprenons aussi qu'il y ait une certaine angoisse car nous poussons les choses jusqu'à la dernière minute", a regretté le porte-parole de la présidence, Jay Carney.
"La triste vérité est que le président (...) veut un chèque en blanc", avait lancé lundi soir M. Boehner.
Le plan des démocrates du Sénat prévoit un relèvement du plafond suffisant pour tenir jusqu'en 2013, accompagné d'une réduction des déficits de 2.700 milliards de dollars.
Les républicains insistent sur un plan en deux étapes: un premier relèvement du plafond de la dette de 1.000 milliards avant le 2 août -- accompagné de 1.200 milliards de réductions budgétaires sur 10 ans -- et un autre relèvement du plafond début 2012, soit en pleine campagne électorale.
Mais le Bureau du budget du Congrès américain, une agence indépendante, a évalué mardi soir l'impact du plan Boehner à seulement 850 milliards d'économies et non 1.200 sur 10 ans, ce qui risque de mettre le responsable républicain en difficulté face à ses propres troupes.
M. Obama en outre rejeté ce plan, faisant valoir que cela conduirait à une répétition de la crise politique actuelle dans six mois. "Le plan Boehner ne peut pas être adopté au Sénat" où la majorité est démocrate, a estimé mardi M. Carney, tandis que la Maison Blanche menaçait ce plan d'un veto.
Alors que le dollar était attaqué, la Bourse de New York a enregistré son deuxième jour de baisse consécutif: le Dow Jones a perdu 0,73% et le Nasdaq 0,10%.
M. Reid a accusé les ultraconservateurs du "tea party" à la Chambre d'être "maîtres de la situation" et d'empêcher M. Boehner d'accepter un "compromis". "Légiférer c'est l'art du compromis et c'est dommage que de l'autre côté du Capitole, ils ne comprennent pas ce mot", a regretté le sénateur.
Après des semaines de discussions houleuses, les deux camps sont incapables de se mettre d'accord sur les modalités d'un plan de réduction des déficits pour accompagner un relèvement du plafond de la dette, qui a atteint en mai sa limite de 14.294 milliards de dollars, soit presque 100% du PIB.
La directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, a pressé mardi les Etats-Unis de "trouver une solution" à cette crise sous peine de conséquences "très, très, très graves" pour l'économie mondiale.
Un sondage réalisé pour le quotidien Washington Post et la chaîne ABC montre que 37% des Américains estiment que M. Obama a contribué à empirer la situation économique, soit six points de plus qu'en octobre. Mais 65% sont en désaccord avec le traitement par les républicains de la question du chômage.