L'Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam) a déposé un recours devant la Cour d'appel de Paris dans le dossier Hermès/LVMH, conformément à ce qu'elle avait laissé entendre au début de l'affaire, a annoncé samedi sa présidente Colette Neuville.
"Le recours a bien été déposé hier (vendredi) matin au greffe de la Cour d'appel", a dit Mme Neuville à l'AFP.
L'Adam avait annoncé par avance qu'elle ferait appel au cas où l'Autorité des marchés financier donnerait le feu vert à la parade élaborée par les héritiers de Thierry Hermès pour verrouiller le capital de leur société, face aux appétits du groupe LVMH du milliardaire Bernard Arnault.
La décision de la Cour d'appel n'est pas attendue avant plusieurs mois.
LVMH, numéro un mondial du luxe, n'a toujours pas dit s'il allait également faire appel de la décision du gendarme de la Bourse.
Chez Hermès, on s'est déjà dit "serein" face à l'appel annoncé de l'Adam.
La famille possède 73,4% du capital d'Hermès mais aucun héritier n'en a individuellement plus de 5%. LVMH, arrivé sans prévenir fin octobre au capital du sellier, détient désormais 20,21% des actions.
Pour se protéger, les héritiers de Thierry Hermès ont décidé début décembre de créer un holding regroupant plus de 50% du capital du groupe.
Or, la législation française oblige tout actionnaire ou groupe d'actionnaires qui franchit le seuil de 33% du capital d'une entreprise à faire une offre publique d'achat (OPA) sur le solde.
La famille Hermès a alors fait une demande de dérogation à l'AMF en expliquant qu'il s'agissait d'un simple reclassement des parts au sein d'un groupe familial, ce qu'a toujours contesté l'Adam.
L'AMF a jugé depuis que "les demandeurs à la dérogation font partie d'un groupe familial" et que la création du holding peut s'analyser effectivement "comme une opération de reclassement (...) sans incidence sur le contrôle de la société Hermès".
Le recours déposé par l'Adam suspend la constitution du holding.