Chypre risque de ne pas pouvoir rembourser des prêts dus en décembre et verser les salaires des fonctionnaires si un accord sur un plan de sauvetage n'est pas conclu rapidement avec la troïka des bailleurs de fonds, a indiqué un responsable gouvernemental lundi.
"Si dans les jours à venir l'Etat ne peut pas obtenir 250 à 300 millions d'euros, alors l'Etat cessera d'honorer des paiements", a déclaré un dirigeant du ministère des Finances, Christos Patsalides, à un comité parlementaire.
Selon M. Patsalides, le gouvernement chypriote n'a pas de plan B en cas d'échec des négociations sur un plan d'aide avec la troïka (UE, BCE, FMI), et dans cette éventualité, la note de Chypre pourrait être à nouveau abaissée.
Le gouvernement, face à ses importantes difficultés financières, tente de puiser dans les fonds de pension et de prévoyance d'organismes semi-publics, y voyant la seule option pour emprunter de telles sommes à très court terme.
Les salariés de la compagnie des télécommunications ont manifesté contre de telles décisions, craignant que les fonds prêtés à l'Etat ne soient jamais rendus.
M. Patsalides a précisé que le gouvernement chypriote avait besoin de 420 millions d'euros pour répondre à ses besoins immédiats, mais que sur cette somme, 170 millions d'euros avaient déjà été obtenus auprès de "sources extérieures".
La troïka rassemblant l'Union européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international, est en train d'examiner la demande chypriote d'aide européenne, qui doit être soumise à l'Eurogroupe le 21 janvier.
Une fois l'aide validée, il faudrait cependant encore plusieurs semaines avant que l'île méditerranéenne ne reçoive ses premiers versements.
Un audit indépendant est en cours afin de déterminer le montant de l'aide nécessaire pour recapitaliser les banques chypriotes, étranglées par leur exposition à la dette grecque. Le rapport n'est attendu que mi-janvier, et Chypre devra trouver des fonds ailleurs d'ici là.
Selon la troïka, des avancées appréciables ont été effectuées, mais il reste encore des ajustements à faire, et la dette sera considérée comme viable ou non en fonction du montant que Chypre a besoin d'emprunter.
Nicosie, dont les besoins totaux dépasseraient les 17 milliards d'euros, a adopté une série de mesures d'austérité afin de réduire ses dépenses d'un milliard d'euro, à la demande de la troïka. Ce programme d'économies sur quatre ans représente 7,25% du Produit intérieur brut.
Le Parlement a approuvé des diminutions de salaires dans la fonction publique allant de 6,5% à 15,5%, un gel des augmentations de salaires indexées sur l'inflation jusque 2016, et une hausse des prélèvements d'urgence sur les salaires du privé et du public.
Les prestations sociales ont également été revues à la baisse, tandis que les taxes sur les cigarettes, l'alcool et l'essence ont été augmentées.
Chypre a demandé une aide européenne en juin, après que ses deux principales banques, très exposées à la crise grecque, ont appelé le gouvernement à l'aide car elles ne parvenaient pas à répondre aux exigences de solvabilité de l'UE.
La seconde plus grosse banque de l'île, Cyprus Popular Bank, a été nationalisée, le gouvernement ayant souscrit la majorité de l'augmentation de capital de 1,8 milliard d'euros lancée en juin.
Les besoins de Chypre seraient de l'ordre de 17,5 milliards d'euros selon de nombreuses sources, dont 10 milliards pour les banques, 6 milliards pour la dette publique arrivée à échéance, et 1,5 milliards pour les finances publiques.
Ce chiffre est proche du Produit intérieur brut annuel de l'ensemble du pays, qui s'est situé à 17,97 milliards d'euros en 2011,et qui devrait, selon les prévision contenues dans le projet de budget pour 2013, reculer de 2,4%, à 17,85 milliards d'euros pour 2012.