Le gouvernement espagnol a annoncé vendredi la nomination de Luis Maria Linde à la tête de la Banque d'Espagne, choisissant ainsi, en pleine crise bancaire, le candidat du ministre de l'Economie plutôt que celui soutenu par la Banque centrale européenne (BCE).
Luis Maria Linde, 67 ans, ancien cadre de la Banque d'Espagne dont il a été directeur général, prendra ses fonctions lundi, jour fixé pour la remise du rapport très attendu du Fonds monétaire international (FMI), qui chiffrera, selon les médias, à 40 milliards d'euros les besoins des banques espagnoles.
Le ministre de l'Economie, Luis de Guindos, avait souligné jeudi, en proposant sa candidature, sa "longue expérience de service public, où il a occupé des postes de haute responsabilité, fortement axés sur l'international".
Le gouvernement de Mariano Rajoy a ainsi opté pour le candidat du ministre de l'Economie plutôt que pour celui qui avait la préférence de la BCE, selon les médias espagnols, José Manuel Gonzalez-Paramo.
Conseiller de la BCE jusqu'en mai, ce dernier jouit d'un profil plus international que Luis Maria Linde, un profil favorable alors que l'Espagne fait l'objet de forte pressions, sur les marchés et en Europe, pour demander, peut-être dès samedi, un sauvetage européen pour ses banques.
Le gouverneur sortant de la Banque d'Espagne, Miguel Angel Fernandez Ordoñez, avait annoncé fin mai qu'il avançait d'un mois son départ, en pleine tempête déclenchée par le sauvetage public record de plus de 23 milliards d'euros demandé par Bankia, troisième banque espagnole par les actifs.
Longtemps présentée en modèle pour avoir évité à ses banques le piège des "actifs toxiques" qui ont précipité la crise financière mondiale de 2008, la Banque d'Espagne est aujourd'hui profondément remise en question pour sa gestion de la restructuration du secteur financier, affaibli par l'explosion de la bulle immobilière.
M. Linde ne devrait pas rester plus de trois ans à la tête de la Banque d'Espagne, dont le règlement oblige ses gouverneurs à se retirer à 70 ans.