Le tentaculaire groupe de médias américain New Corp réunit mardi son conseil d'administration et publie mercredi ses résultats annuels, deux occasions pour lui de dissiper les troubles suscités par le scandale des écoutes en Grande-Bretagne.
Les seize membres de l'instance de direction de l'empire érigé par le magnat Rupert Murdoch se retrouvent à Los Angeles pour la première fois depuis le début de l'affaire qui ébranle la filiale britannique de News Corp. Celle-ci a arrêté en juillet la publication du News of the World, au bout de 168 ans.
La direction devrait utiliser la réunion pour "détourner l'attention du scandale" et "reconcentrer les investisseurs sur les activités essentielles de la compagnie", indiquait lundi le Wall Street Journal, détenu par News Corp.
Le groupe espère aussi que la publication des résultats annuels mercredi "va faire baisser la pression liée au scandale", a ajouté le quotidien, citant "des sources proches du dossier".
Aucune annonce "spectaculaire" ne devrait être relayée à ces occasions, estime Daniel Diermeier, professeur de gestion et d'analyse du cycle de décision à l'école de commerce de l'université Northwestern à Chicago.
"Tous ceux qui observent de l'extérieur cette entreprise ont maintenant compris qu'il existait un problème de respect de la culture, un problème de respect de la gouvernance d'entreprise et un problème de respect des activités possédées par l'entreprise", a-t-il souligné auprès de l'AFP.
"S'il s'agissait de n'importe quel autre groupe, il y aurait déjà eu des changements énormes dans la direction", a-t-il noté. Mais "News Corp a cette structure du conseil d'administration inhabituelle qui en gros garantit le contrôle de la famille sur l'entreprise".
Elisabeth Murdoch, la fille du patriarche, a décidé en revanche de retarder son entrée prévue au conseil d'administration. Mais Rupert Murdoch, toujours PDG à 80 ans, règne en maître, et a deux fils qui siègent à cette instance, James et Lachlan.
Selon le Wall Street Journal, aucun changement de direction ne devrait être annoncé. Rupert Murdoch a indiqué très clairement aux parlementaires britanniques en juillet qu'il n'avait aucune intention de quitter ses fonctions.
L'ordre du jour porterait plutôt sur une éventuelle augmentation du dividende versé aux actionnaires ou sur le programme de rachat d'actions de 5 milliards de dollars annoncé mi-juillet.
Le conseil sera aussi l'occasion, selon le quotidien américain, de discuter de l'avancée des travaux du comité interne établi le 18 juillet pour enquêter sur les pratiques de News of the World, soupçonné d'avoir fait écouter jusqu'à 4.000 personnes, dont des politiciens et célébrités.
Ce groupe doit remettre ses conclusions à Viet Dinh, professeur de droit à Washington et membre indépendant.
Outre la fermeture brutale du tabloïde News of the World, l'affaire a forcé Rupert Murdoch à renoncer au rachat de la totalité du bouquet satellitaire BSKYB et à se séparer de sa proche collaboratrice, Rebekah Brooks, et du directeur général de la société Dow Jones, Les Hinton.
Le conseil abordera aussi probablement la cession, décidée en début d'année, du site internet MySpace pour quelque 35 millions de dollars, bien loin des 580 millions versés pour son achat en 2005.
L'action de News Corp a perdu plus de 20% depuis début juillet, quand des journaux ont révélé que parmi les victimes d'écoutes se trouvait une écolière de 13 ans, Milly Dowler, assassinée en 2002, provoquant l'indignation générale.