Les banques européennes étaient à nouveau en première ligne de la crise de la dette vendredi, alors que l'Europe, notamment Paris et Berlin, cherchent la marche à suivre pour les sauver.
La dégradation vendredi par Moody's des notes de plusieurs banques portugaises et britanniques a souligné l'urgence d'agir pour éviter que la crise de la dette, notamment grecque, ne se transforme en crise des banques.
Les Bourses, elles, préféraient vendredi vers 13H20 GMT saluer des chiffres meilleurs que prévu sur l'emploi américain, et cotaient en hausse après déjà deux séances fastes.
"La Grèce n'est pas le problème à présent, le grand problème ce sont les banques", a confié un diplomate européen qui confirme l'objectif de parvenir à "un consensus" sur un montant et un calendrier lors du sommet des dirigeants des pays de l'Union européenne, puis de la zone euro, les 17 et 18 octobre à Bruxelles.
La Commission européenne a annoncé vendredi vouloir présenter "dans les prochains jours" une proposition en vue d'une action coordonnée de recapitalisation des banques dans l'UE.
Les mesures de soutien exceptionnelles en leur faveur annoncées jeudi par la Banque centrale européenne (BCE), de retour "en mode crise", n'ont pas eu d'effet miracle.
Selon une statistique publiée vendredi par l'institution, les dépôts nocturnes des banques auprès d'elle ont atteint pour la cinquième journée consécutive un record annuel, un mauvais signe.
Pour que le crédit et donc l'économie fonctionnent bien, les banques doivent se prêter de l'argent et se rémunérer entre elles, plutôt que de se ruer sur les coffres de la BCE, conçus comme un dernier recours.
Une contagion de la crise de la dette à l'économie réelle est un scénario que redoutent plus que tout les Etats-Unis, qui ne cessent de faire pression pour une action plus musclée des Européens.
Ceux-ci, Allemagne et France en tête, doivent encore se mettre d'accord sur la marche à suivre.
La chancelière Angela Merkel a rappelé vendredi la "hiérarchie" à respecter: "d'abord les banques doivent essayer seules de trouver du capital", puis se tourner vers "les Etats nationaux" et "c'est seulement si un Etat n'y arrive pas par ses propres moyens que le (mécanisme de secours européen) FESF peut être utilisé".
Le FESF, une fois que Malte et la Slovaquie auront ratifié le renforcement de ses moyens, sera doté de la possibilité d'aider plus facilement le secteur bancaire.
"Il n'y a aucune divergence franco-allemande", a assuré le ministère français des Finances à l'AFP, sur le fait que "les sources de capitalisation doivent d'abord être privées".
Mais "il existe plusieurs options en ce qui concerne les financements publics", a reconnu Paris.
La presse allemande soupçonne la France de vouloir ponctionner les fonds européens plutôt que ses propres caisses pour aider les banques, de peur de compromettre sa note de solvabilité "AAA".
Les banques seront au centre de la rencontre dimanche à Berlin entre Mme Merkel et le président français Nicolas Sarkozy.
Un renforcement des banques européennes est une étape préliminaire à un nouveau sauvetage de la Grèce, qui devrait passer par une forte décote des titres de dette du pays.
En clair, les banques de la zone euro devraient accepter de soulager Athènes en renonçant à une grande partie de leurs créances, ce qui signifierait de lourdes pertes pour elles.
Le ministre allemand de l'Economie Philipp Rösler, en visite à Athènes, a reçu de son homologue grec Evangélos Vénizélos la promesse que la Grèce honorera ses dettes "jusqu'au dernier euro".
Cette visite est l'un des rares déplacements effectués par un dirigeant allemand en Grèce depuis le début de le crise de la dette en zone euro, sur fond de relations tendues entre Athènes et son principal donateur.
53% des Allemands refusent d'aider encore davantage la Grèce, 6% de plus qu'il y a un mois, selon un sondage publié vendredi diffusé vendredi par la chaîne télévisée ARD.