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Les banques françaises continuent à chasser les dépôts, dans un climat favorable

Publié le 26/06/2012 14:15

Pressées par le régulateur, les banques françaises ont très nettement accru leurs dépôts et continuent à mettre l'accent sur livrets et comptes à terme, des produits qui séduisent des épargnants rétifs aux actions et moins portés sur l'assurance-vie.

Entre fin 2010 et fin avril 2012, les banques françaises --que certains disaient menacées d'un mouvement de défiance des particuliers-- ont collecté plus de 100 milliards d'euros de dépôts supplémentaires (102 milliards exactement). La progression atteint 10% en moins de 18 mois.

Les banques y ont été fortement incitées par la perspective de l'entrée en vigueur, début 2013, du nouveau cadre réglementaire dit Bâle III qui renforce l'importance des liquidités dans leurs bilans.

Une nécessité accrue par la spécificité des banques françaises, qui prêtaient assez nettement plus qu'elles ne possédaient de dépôts, un déséquilibre très défavorable sous le nouveau régime prudentiel.

Les soubresauts violents des marchés ces derniers mois leur ont également confirmé le besoin de réduire leur besoin de financement sur les marchés.

A coups de livrets bancaires fiscalisés et de comptes à terme, elles ont donc cherché à rapatrier une partie des sommes placées sur les livrets défiscalisés (Livret A et Livret de développement durable), les OPCVM (fonds de placement mutualisés) et l'assurance-vie, qui ne comptent pas comme des dépôts aux yeux du régulateur.

Après deux ans d'efforts, les progrès sont sensibles et le rapport entre crédits et dépôts tourne autour de 116% à 118% selon les établissements, alors qu'il dépassait encore largement 125% il y a peu dans plusieurs banques.

Pour autant, "leur situation n'est pas aussi solide que celle de leurs grands concurrents", qui comptent souvent plus de dépôts que de crédits, rappelle Nick Hill, vice-président au sein de l'agence de notation Moody's chargé du suivi des banques françaises.

Et du point de vue des nouvelles exigences réglementaires, "les banques françaises ont encore une étape assez importante à franchir pour atteindre les niveaux requis" en matière de liquidités, souligne Jérôme Barrué, partenaire au sein du cabinet Roland Berger.

Elles continuent donc à traquer les dépôts en lançant régulièrement de nouveaux produits d'épargne.

La rémunération est souvent attractive, mais elle reste sensiblement inférieure à celle offerte par les petits acteurs du marché.

Le trublion TooKam, émanation du Crédit Agricole Pyrénées Gascogne, propose ainsi un livret à 6% et RCI Banque (filiale du constructeur automobile Renault) offre 5,25%, garantis trois mois seulement dans les deux cas.

--- la menace du relèvement du plafond du livret A ----

Pour pousser des produits plus sages, souvent présentés comme un complément du Livret A et du LDD à des niveaux de rémunération équivalents, les grandes banques comptent sur la mobilisation de leur réseau.

"On recherche les dépôts, mais cela s'inscrit dans une relation globale avec le client", tempère un banquier.

"Bien évidemment, lorsque les clients désirent d'autres placements, tels que les actions par exemple, nous les leur proposons lorsque cela est adapté à leur situation", fait valoir Olivier Klein, directeur général "banque commerciale et assurance" de BPCE.

Dans leur quête de dépôts, les banques bénéficient d'un contexte favorable marqué par l'incertitude. Il y a aujourd'hui "une réelle frilosité de la part des épargnants vis-à-vis de l'épargne financière (assurance-vie et OPCVM) et une tendance forte à privilégier l'épargne bilantielle (livrets et comptes à terme)", résume M. Barrué.

Les livrets permettent ainsi aux épargnants de disposer d'une épargne rémunérée et mobilisable instantanément. Pour M. Klein, "l'intérêt des clients et des banques converge naturellement".

De ce point de vue, le doublement du plafond du Livret A, voulu par le nouveau président François Hollande, pourrait porter un dur coup à la stratégie des banques.

Une étude du cabinet Roland Berger chiffre entre 40 et 60 milliards d'euros le transfert d'épargne entraîné par cette mesure, dont 80% proviendraient du bilan des banques.

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