Les ministres des Finances de la zone euro se sont retrouvés mardi à Bruxelles pour discuter d'un projet d'aide aux banques irlandaises en pleine tourmente afin d'éviter une contagion à haut risque, six mois après la crise grecque qui avait fait vaciller l'Union monétaire.
"La Commission travaille de concert avec la BCE et le FMI et bien entendu les autorités irlandaises en vue de résoudre les graves problèmes du secteur bancaire irlandais", a déclaré le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn, en arrivant à la réunion des ministres des Finances.
"Je m'attends à ce que l'Eurogroupe soutienne ce projet", a-t-il ajouté.
La réunion, qui a débuté aux environs de 17H00 (16H00 GMT), intervient dans un contexte très sensible.
La situation des banques irlandaises et l'ampleur du déficit public national suscitent des inquiétudes grandissantes sur les marchés financiers.
Résultat: les taux d'intérêt des emprunts d'Etat irlandais grimpent, faisant craindre un effet de contagion au reste de l'Union monétaire.
"Nous devons tous travailler de concert afin de permettre à la zone euro de survivre", n'a pas hésité à dire mardi le président de l'UE Herman Van Rompuy, sans faire toutefois directement référence à la situation irlandaise.
Le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer a souligné lui que la zone euro n'était pas "au bord de l'éclatement", tandis que M. Rehn a appelé à ne pas céder à "l'alarmisme".
"Ce n'est pas une question de survie de l'euro, il s'agit d'un très grave problème du secteur bancaire irlandais", a-t-il dit. Il a laissé entendre qu'il n'était pas envisagé à ce stade d'apporter une aide budgétaire globale à l'Irlande, pour l'aider à faire face à ses échéances de remboursement.
Quant au secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner, il a estimé qu'il était "tout à fait dans les possibilités de l'Europe de gérer" cette crise, ajoutant qu'elle avait à présent les outils pour agir "très vite".
Toutefois, le gouvernement irlandais refuse pour le moment une aide de grande ampleur, car il juge avoir de quoi se refinancer pour ses déficits.
"Bien sûr les évolutions sur les marchés n'ont pas été bonnes pour l'Irlande ces dernières semaines, mais je voudrais souligner que l'Etat irlandais est totalement financé jusqu'au milieu de l'année prochaine", a souligné le ministre des Finances irlandais Brian Lenihan, en arrivant à Bruxelles.
Selon le quotidien The Irish Independent, M. Lenihan devrait accepter l'injection d'une aide européenne à destination spécifiquement des banques du pays, "pour stabiliser l'euro et apaiser les marchés".
Son Premier ministre Brian Cowen a réaffirmé de son côté à Dublin que son pays n'avait "déposé aucune demande en vue d'une aide extérieure", mais "discutait" avec ses partenaires européens des moyens de "ramener la stabilité" sur les marchés.
Selon un document préparatoire à la réunion de l'Eurogroupe, susceptible d'être modifié, les ministres devraient réaffirmer qu'ils "se tiennent prêts à aider" l'Irlande "si elle le demande", a indiqué une source diplomatique.
La Banque centrale européenne pousse pour un plan d'action rapide pour l'Irlande car elle redoute de graves répercussions sur le marché des emprunts d'Etat, selon des sources diplomatiques.
Les inquiétudes sont par ailleurs vives concernant une possible contagion de la crise irlandaise à des pays comme le Portugal, la Grèce ou l'Espagne, dont les taux d'emprunt à long terme ont également flambé la semaine dernière.
Le ministre portugais des Finances, Fernando Teixeira dos Santos, a parlé d'un risque "élevé" que son pays doive aussi faire appel à l'aide de l'Europe.
"Nous ne faisons pas face au problème d'un seul pays", a-t-il dit.