Colette Neuville, présidente de l'Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam), a demandé jeudi que les héritiers Hermès soient contraints à lancer une OPA sur le groupe familial au cas où ils créeraient une holding pour faire barrage aux ambitions de LVMH.
Interrogée par l'AFP, Mme Neuville a jugé qu'il s'agirait dans ce cas d'offrir une sortie aux actionnaires minoritaires qui représentent moins de 10% du capital, la famille en détenant 73,4% et LVMH 17,1%.
Les héritiers Hermès doivent se réunir vendredi pour examiner différents schémas de défense contre une augmentation de la participation de LVMH dans leur groupe. L'un préconiserait la création d'une holding non cotée qui regrouperait les parts familiales pour se protéger d'une éventuelle OPA et l'autre proposerait la mise en place d'un pacte d'actionnaires.
Dans une lettre à l'Autorité des marchés financiers (AMF), Mme Neuville estime que "la constitution d'une société holding ou la signature d'un pacte d'actionnaires organisant l'incessibilité des titres constitueraient une prise de contrôle".
L'un et l'autre sont constitutifs d'une action de concert susceptible de contraindre les actionnaires majoritaires de la maison de luxe à déposer un projet d'offre publique sur le solde du capital.
Selon La Tribune, les avocats de la famille Hermès auraient saisi l'AMF d'une demande de dérogation.
"Les actionnaires minoritaires d'Hermès ont tout lieu de considérer comme très contestable la dérogation qui pourrait être demandée" à l'obligation de déposer un projet d'offre d'achat en cas de franchissement du seuil de 33% des parts, écrit Colette Neuville à Jean-Pierre Jouyet, le président de l'AMF.
Hermès appuierait sa demande de dérogation sur le fait que le statut de société en commandite équivaut déjà à considérer la famille comme une entité qui contrôle la société.
Ce que conteste Mme Neuville: "la famille en elle-même n'a pas de fondement juridique. Chaque actionnaire peut acheter et vendre librement ses actions".
Dans sa lettre à l'AMF, elle rappelle également qu'il est inscrit dans le document de référence d'Hermès qu'"il n'existe pas de pactes d'actionnaires autres que ceux entrant dans le cadre de la loi Dutreil".
"La meilleure preuve qu'ils ne maîtrisent pas le capital est qu'ils veulent créer une structure. Je leur dis simplement que si vous vous organisez pour pouvoir contrôler le capital et que votre organisation depasse le seuil de 33%, alors vous êtes dans l'obligation légale de faire une offre public", explique-t-elle.
Il s'agit aussi concrêtement de payer un bon prix des actions qui en cas de fermeture du capital risqueraient de chuter en Bourse après s'être envolées depuis le début de l'année.
Le géant du luxe LVMH a pris une participation de 17,1% dans la maison Hermès en octobre, provoquant la stupeur de la famille.
L'AMF a déjà ouvert une enquête sur les conditions de cette prise de participation.