La Russie a donné le coup d'envoi de son vaste programme de privatisation annoncé l'année dernière, en vendant 10% de la banque VTB pour plus de 2,4 milliards d'euros, une offre qui a rencontré un large succès auprès des investisseurs étrangers.
La mise sur le marché de 10% du capital de la banque publique a permis à l'Etat de lever plus de 95 milliards de roubles (2,39 milliards d'euros), indique lundi le gouvernement russe dans un communiqué.
Cette vente représente "le placement sur le marché russe le plus couronné de succès depuis la fin de la crise", se félicite-t-il, expliquant que l'offre avait été sursouscrite plus de deux fois.
Le paquet d'actions a été vendu au "prix correspondant à la réalité du marché", soit 0,091468 rouble par action ordinaire, ou 6,25 dollars par GDR (global depositary receipt, paquets d'actions ordinaires libellés en dollars).
Le gouvernement se réjouit dans le communiqué "que de nombreuses entreprises renommées des Etats-Unis, d'Europe, du Moyen-Orient et d'Asie aient investi pour la première fois autant d'argent dans l'économie russe".
Le fonds d'investissement italien Generali a acquis 300 millions de dollars d'actions VTB, devenant le principal investisseur dans l'établissement, tandis que le fonds américain TPG a investi 100 millions de dollars, a précisé le vice-président de la banque, Guerbert Moos, cité par Ria Novosti.
"Des fonds souverains d'Asie, d'Europe et du Moyen-Orient ont participé à la transaction à hauteur de centaines de millions de dollars", a-t-il aussi déclaré, précisant que les investisseurs russes et américains représentaient chacun une part de 15% des souscripteurs.
Malgré ce succès, le responsable a précisé qu'il n'était pas prévu de vendre un deuxième paquet cette année.
Selon Vedomosti, le gouvernement a réussi un coup de maître en vendant ces actions deux fois plus cher que lorsqu'il les avait achetées en septembre 2009, alors que le secteur bancaire était secoué par la crise économique mondiale.
Le succès est d'autant plus éclatant que plusieurs introductions en Bourse d'entreprises russes ont été ajournées ces dernières semaines, à l'image du producteur d'or Nord Gold ou du fabricant de tubes Chelpipe qui voulaient être cotées à Londres.
Cela prouve que la Russie reste un pays attractif aux yeux des investisseurs, a souligné une source proche du pouvoir à l'agence russe Interfax.
"Oui, bien sûr, d'un côté nous entendons des récriminations au sujet de l'affaire Khodorkovski et des reproches à Davos sur le climat des affaires en Russie", a-t-elle déclaré.
"Mais quand il s'agit de l'échange d'actifs entre Rosneft et BP (annoncé le 14 janvier, ndlr) ou quand on place (en Bourse) des parts aussi alléchantes que celle d'aujourd'hui, les investisseurs foncent sans réfléchir", a-t-elle ajouté.
Un bon signe alors que le gouvernement prévoit de poursuivre sur sa lancée en mettant sur le marché des parts d'autres entreprises publiques ou semi-publiques, dans le cadre d'un colossal programme de privatisations de 42 milliards d'euros sur cinq ans approuvé en octobre.
Le patron de la banque semi-publique Sberbank, Guerman Gref, a indiqué lundi que l'Etat pourrait mettre en vente 7,6% de ses actions dans l'établissement dès le "second semestre" de cette année.
"Le coût du paquet sera deux fois supérieur à celui des 10% de VTB", a-t-il estimé, cité par Ria Novosti.
Cette nouvelle vague de privatisations, la plus grande depuis les années 1990, a pour objectif de lever des fonds pour contribuer à moderniser le pays et lui permettre de maîtriser son déficit budgétaire.