Le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn a qualifié mardi de "très inquiétante" la situation économique et financière de l'Italie, marquée par une envolée des taux d'emprunt du pays sur le marché de la dette.
"La situation économique et financière est très inquiétante" en Italie, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse, en réaffirmant vouloir aider le pays à mettre en oeuvre les réformes promises pour rassurer les marchés.
"L'Italie est confrontée à une pression très significative des marchés en ce moment", a-t-il ajouté à l'issue d'une réunion des ministres européens des Finances à Bruxelles.
"Nous sommes très préoccupés par la situation et la surveillons de près", a poursuivi M. Rehn, alors que les taux d'emprunt du pays sur le marché obligataire se rapprochent de 7% sur dix ans, un niveau non soutenable sur la durée. En fin d'après-midi, ce taux italien à 10 ans a atteint un nouveau record à 6,76%.
C'est en atteignant des niveaux comparables que des pays comme la Grèce, l'Irlande et l'Irlande ont déjà dû au bout d'un certain temps faire appel à l'aide de l'Europe et du Fonds monétaire international, le financement de l'emprunt public par leurs propres moyens devenant insupportable.
L'Italie est lestée par une dette publique de quelque 1.900 milliards d'euros, représentant 120% de son Produit intérieur brut.
Ses partenaires estiment toutefois que le principal problème du pays porte sur la crédibilité des réformes économiques qui ont été promises pour augmenter la croissance et réduire le déficit public, comme l'a rappelé mardi le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble.
"Le problème de l'Italie, ce ne sont pas en premier lieu les données macroéconomiques mais le manque de confiance des marchés", a-t-il déclaré en marge de la réunion avec ses homologues européens.
Pour cette raison, Rome a accepté de se placer sous la surveillance conjuguée de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne et du FMI, alors même qu'il n'a pas fait appel à l'aide internationale.
La mission de la Commission doit partir mardi soir pour Rome et se mettre immédiatement au travail mercredi, a indiqué M. Rehn.
"Nous voulons aider l'Italie au travers d'une surveillance rigoureuse et c'est pourquoi nous dépêchons notre mission à Rome", a-t-il dit.
Bruxelles a aussi envoyé la semaine dernière un questionnaire au gouvernement de Silvio Berlusconi pour lui demander des précisions sur les réformes qu'il a promises, en matière de retraites notamment ou de l'administration. La Commission a souhaité une réponse d'ici la fin de la semaine.
"Le plus tôt sera le mieux", a averti M. Rehn.
L'Italie, troisième économie de la zone euro, est à présent menacée d'être emportée à son tour par la crise de la dette qui dure depuis deux ans.
Cette situation représente un défi majeur pour ses partenaires de l'Union monétaire et le monde entier car personne ne sait si la zone euro a vraiment les moyens de financer un plan de sauvetage pour ce pays au cas où cette issue deviendrait incontournable.
"L'Italie sait que vu la taille du pays elle ne peut pas espérer une aide extérieure, c'est la raison pour laquelle des efforts énormes sont faits en Italie en ce moment", a ainsi déclaré mardi à Bruxelles la ministre autrichienne des Finances, Maria Fekter.
L'inquiétude est renforcée par la situation politique incertaine dans le pays, où Silvio Berlusconi a perdu mardi sa majorité au Parlement et fait face à des appels à la démission.