Angela Merkel recevait mardi Dmitri Medvedev pour un sommet largement consacré à l'énergie, l'Allemagne ayant besoin d'hydrocarbures alors que la Russie cherche des partenaires pour se moderniser.
La chancelière allemande et le président russe ont d'abord participé à une session du "Dialogue petersbourgeois", forum de débats où se retrouvent depuis onze ans les représentants des sociétés civiles des deux pays.
"En démocratie on préfère généralement parler de ce qui ne va pas que de ce qui va", a souligné Mme Merkel.
"Il vaut mieux se disputer une bonne fois que garder le silence", a renchéri M. Medvedev.
M. Medvedev et Mme Merkel, qui parle couramment russe puisqu'elle a grandi dans l'ex-RDA, ont pour leur part affiché leur bonne entente, se tutoyant et évitant de toucher aux thèmes les plus délicats, comme les droits de l'Homme en Russie.
Mme Merkel a néanmoins reconnu que c'était de sa "responsabilité" que les négociations russo-européennes sur l'abandon des visas étaient bloquées, un sujet important pour Moscou.
Du côté allemand, le co-président du "Dialogue petersbourgeois", Lothar de Maizière a souligné que la démocratie était nécessaire à une modernisation réelle de la Russie, notant que les politiques d'Etats dictatoriaux comme l'Union soviétique et l'Allemagne Nazie n'avaient pas duré.
Lors de la 13e rencontre annuelle entre les gouvernements, l'énergie était au coeur des discussions, Moscou souhaitant renforcer encore sa présence dans le secteur.
"Nous avons discuté des possibilités de collaboration énergétique russo-allemande à la suite de la décision de l'Allemagne de renoncer au nucléaire" d'ici 2022, après la catastrophe japonaise de Fukushima, a souligné Viktor Zoubkov, le vice-Premier ministre russe.
La Russie aimerait développer des centrales électriques au gaz et augmenter ses livraisons à l'Allemagne, qui est déjà son plus gros client, notamment via le gazoduc Nord Stream, dans la Baltique, qui doit être inaugurer en octobre.
Mme Merkel a tenu à minimiser la soif allemande de gaz russe, relevant que l'Allemagne comptait partiellement couvrir ses besoins énergétiques avec des centrales au charbon, en développant les sources renouvelables et en augmentant l'efficacité de sa consommation énergétique.
"Ceci n'est pas un discours anti-Gazprom, je veux juste dire que nos objectifs ne sont pas exagérés, c'est dans le domaine du raisonnable et (les besoins restants) pourront sans aucun doute être couverts par Gazprom", a-t-elle dit.
M. Zoubkov a relevé que cela représentait tout de même un volume important. "S'il s'agit de 30-35% de gaz en plus, ce n'est pas mal du tout", a-t-il souligné.
Moscou compte aussi sur les investissements allemands pour mettre en oeuvre sa politique de modernisation, le thème central du discours du président russe.
Le patron de la banque russe VEB, Vladimir Dmitriev a indiqué espérer la création "d'ici deux à trois ans d'un fond d'un milliard d'euro" pour l'innovation dans les petites et moyennes entreprises.
Une conférence de presse de Mme Merkel et M. Medvedev était prévue vers 12H30 GMT, après la signature d'une douzaine d'accords politiques, économiques et universitaires.
La visite du président russe intervient juste après une polémique en Allemagne autour d'un prix accordé puis retiré à son mentor et prédécesseur, le Premier ministre Vladimir Poutine.
Sous le feu de la critique en raison du bilan du dirigeant russe en matière de droits de l'Homme, l'organisation privée Werkstatt Deutschland, qui décerne les prix Quadriga, a renoncé à remettre cette année ses distinctions aux "modèles exemplaires d'esprits éclairés et d'efforts pour le bien public".
Les gouvernements allemand et russe ont insisté sur le caractère privé de cette initiative et assuré que ce couac ne troublerait pas le sommet.