Le redressement de l'emploi en France au deuxième trimestre, tiré par l'intérim, s'est confirmé jeudi, mais la mollesse de la croissance attendue d'ici fin 2010 risque de réduire les créations d'emplois au second semestre à la portion congrue, selon Pôle emploi.
Estimant que le chômage devrait "se retourner progressivement à la baisse", l'organisme table désormais sur une baisse dès 2010 à 9,4% en métropole, suivie d'un nouveau léger repli à 9,3% en 2011.
Au deuxième trimestre 2010, l'économie a enregistré 26.200 créations nettes d'emplois salariés (+0,1% sur trois mois, 0% sur un an), après les 38.900 du premier trimestre qui interrompaient deux années de pertes.
Dans les secteurs principalement marchands, les plus sensibles à la conjoncture, la France a connu 24.000 créations nettes (+0,2% sur trois mois, -0,2% sur un an), après les 35.900 du premier trimestre (+0,2%), selon des données définitives de l'Insee, moins favorables que les provisoires.
Si l'emploi a progressé au deuxième trimestre dans les services, tiré fortement par l'intérim (+27.600 emplois, soit +5,9%), il a encore décliné dans la construction et baissé dans l'industrie.
"Hors intérim, l'emploi marque le pas", a observé l'Insee, dont le périmètre statistique diffère de Pôle emploi.
Evoquant plusieurs "bonnes nouvelles", le directeur des statistiques de Pôle emploi Bernard Ernst a indiqué à l'inverse que "l'emploi hors intérim a cessé de reculer pour la première fois depuis l'été 2008" et que "même si c'est peu, la construction a renoué avec les créations nettes d'emplois".
"La situation de l'emploi est en train de s'améliorer", a commenté jeudi le secrétaire d'Etat à l'Emploi Laurent Wauquiez, évoquant "un peu moins de 60.000 emplois créés aux deux premiers trimestres" alors que "l'année dernière sur le même nombre de mois, on en avait détruit 250.000".
Si "l'hémorragie sur le front de l'emploi est au moins provisoirement stoppée", le chef économiste de la société Xerfi, Alexander Law, a noté que "le rythme de création d'emplois s'est nettement ralenti" et que, "hors intérim, il n'y a pas eu de créations d'emplois au deuxième trimestre".
Comme l'intérim a stagné en juillet, que la croissance attendue au second semestre sera moindre qu'au premier et que "l'horizon reste incertain", Pôle emploi a jugé qu'"il n'y aurait quasiment pas de créations nettes d'emplois au second semestre" et que ça "ne permettrait pas à l'emploi hors intérim de rebondir véritablement".
Après une hémorragie record en 2009 depuis l'après-guerre, les créations nettes d'emplois en 2010 devraient totaliser 73.000, selon de nouvelles prévisions améliorées de Pôle emploi.
Pour M. Law, tant que les emplois créés "ne le seront pas en plus grand nombre et plus pérennes, il sera impossible d'affirmer que l'économie française est sortie de crise pour de bon".
Sans une croissance annuelle d'au moins 1,5%, voire 2%, la France ne parvient pas à créer plus d'emplois qu'elle n'en détruit, selon la plupart des économistes. Le gouvernement prévoit 1,4% de croissance en 2010 et 2% en 2011.
Or "le climat d’incertitude provoque un ralentissement de la reprise" mondiale, a prévenu jeudi l'OCDE.
Nicolas Sarkozy a assuré mercredi aux députés UMP reçus à l'Elysée que l'année "2011 sera bien meilleure que 2010" pour la croissance et l'emploi.
L'année 2011 connaîtra des créations nettes d'emplois "mais toujours à un rythme modéré" (+83.000 pour l'emploi total)", selon Pôle emploi.