Prise dans la tourmente irlandaise, la Bourse de Paris devrait continuer à souffrir des péripéties de la zone euro la semaine prochaine mais tentera de trouver du soutien du côté des Etats-Unis, en prenant le pouls du marché de l'emploi et des consommateurs avant la fin d'année.
Au cours de la semaine écoulée, le CAC 40 a cédé 3,41% et terminé vendredi à 3.728,65 points, sa plus forte baisse hebdomadaire depuis le mois de juillet.
Alors que l'Union européenne pensait avoir calmé les marchés et tourné la page de la crise irlandaise en annonçant un plan de sauvetage dimanche soir, elle a au contraire prouvé qu'elle n'en avait pas fini avec la crise de la dette.
Le répit sur les marchés a été de courte durée avant que les investisseurs ne s'alarment du risque de contagion à d'autres pays de la zone euro, comme le Portugal et l'Espagne.
"Le problème de la dette n'a pas été pas résolu avec la Grèce. On savait qu'il y avait d'autres pays fragilisés, mais on a pensé (notamment avec la publication des tests de résistance des banques), qu'on était passés à côté du pire", indique Isabelle Enos, gérante d'actions chez B*Capital.
Ce regain d'inquiétudes a fait plonger l'euro à 1,32 dollar, ainsi que les obligations des pays fragiles et le secteur bancaire. En une semaine, l'action Société Générale a perdu 8,20%, Crédit Agricole 9,57% et BNP Paribas 8,53%.
"Ce problème va occulter tout le reste tant qu'on ne l'aura pas résolu", estime la gérante, malgré une profusion d'indicateurs macroéconomiques attendus la semaine prochaine, dont les chiffres de l'emploi américain de novembre.
Le risque est que des statistiques décevantes s'ajoutent au climat actuel, entraînant encore plus à la baisse le marché parisien. Mais elles pourraient aussi passer au second plan comme la révision à la hausse de la croissance américaine au troisième trimestre, négligée mardi par le marché.
"Plus on avance, plus la crise de la dette touche des pays dont le poids au sein de l'Union européenne est important", rappelle Mme Enos.
Résultat, les marchés "poussent" les pays européens les plus fragiles à demander une intervention pour y voir plus clair dans les mois à venir, et l'attention risque de se déplacer à court terme sur Lisbonne.
Le marché bruissait vendredi de rumeurs laissant entendre que la Banque centrale européenne (BCE) et certains pays européens incitaient fortement le pays à demander de l'aide.
Autre preuve de ce besoin d'en finir avec la crise de la dette: la mise en place en 2011 d'une nouvelle série de tests de résistance qui devraient être plus "exigeants" que ceux publiés en juillet dernier. Ils pourraient peut-être donc prendre en compte la détention de dettes des Etats.
Les turbulences de la zone euro devraient être également évoquées lors de la réunion de la BCE jeudi. Pour les stratégistes de BNP Paribas, elles ont "augmenté la probabilité que la banque centrale opte pour une stratégie prudente et qu’elle renouvelle le programme de fourniture de la liquidité sans plafond pour l'ensemble des ses opérations de refinancement" début 2011.
Outre les indicateurs liés à l'emploi --qui montreront peut-être un retour aux créations d'emplois --, les rouages de l'économie américaine seront au centre de l'attention avec les indices ISM d'activité ainsi que des chiffres sur le logement.
En début de semaine, les indicateurs de vente du "Black Friday" qui marque traditionnellement le coup d’envoi de la période des achats de fin d’année, et du "Cyber Monday" (achat sur internet) devraient retenir l'attention des investisseurs. Autant d'indicateurs qui devraient donner un éclairage aux investisseurs sur la fin d'année.