La Belgique a renforcé dimanche son plan de rigueur et s'est posée en bon élève européen à l'heure où de nombreux pays, comme l'Espagne ou les Pays-Bas, connaissent des difficultés à réduire leur déficit budgétaire.
Après une semaine de tractations, la coalition gauche-centre-droite au pouvoir s'est mise d'accord pour un nouveau train de mesures d'austérité d'un total de 1,82 milliard d'euros, qui s'ajoutent aux 11,3 milliards d'économies décidés fin 2011.
"Avec ce budget, notre pays est un des meilleurs élèves en Europe", a affirmé le Premier ministre socialiste Elio di Rupo, en saluant un effort sans précédent dans l'histoire du royaume de 11 millions d'habitants.
L'objectif est de limiter le déficit budgétaire à 2,8% du PIB en 2012, contre 3,8% en 2011, et de respecter ainsi les "engagements à l'égard de l'Union européenne", qui fixe le maximum à 3%.
La Commission européenne avait exhorté en début d'année la Belgique à trouver encore de nouvelles économies en raison de l'abaissement des prévisions officielles de croissance pour 2012, à +0,1% contre +0,8% initialement.
Par précaution, le gouvernement a également ajouté dimanche un matelas de 650 millions d'euros en réserve afin de parer tout nouveau recul de la croissance.
M. di Rupo a reconnu que les négociations au sein de la coalition de six partis aux sensibilités très différentes avaient été "difficiles" pour s'entendre sur "des mesures justes et équilibrées". "Malgré un contexte très difficile, le pouvoir d'achat des citoyens est préservé et la compétitivité des entreprises est sauvegardée", a-t-il assuré.
Les nouvelles mesures portent essentiellement sur une augmentation des recettes de l'Etat grâce à une hausse des taxes sur les transactions boursières et sur le tabac ainsi que sur une répression accrue de la fraude. Des économies sont également réalisées dans les dépenses (livraisons d'hélicoptères, frais de justice...).
Entré en fonctions le 6 décembre à l'issue d'une longue crise politique, M. di Rupo a insisté sur le fait que les Belges n'étaient pas aussi sévèrement affectés que les autres Européens. "Chez nous, il n'y a pas de baisse du salaire minimum. Il n'y a pas de baisse du montant des pensions. Il n'y a pas de diminution des allocations familiales. Il n'y a pas d'augmentation de la TVA".
Annoncés à la veille d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro lundi à Bruxelles, les efforts belges vont accroître la pression sur l'Espagne et les Pays-Bas, deux pays ayant récemment annoncé qu'ils auraient du mal à respecter les engagements pris vis à vis de l'UE. Le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, a ainsi prévu que le déficit public serait de 5,8% du PIB en 2012, soit bien supérieur aux 4,4% initialement promis. Aux Pays-Bas, les prévisions portent sur un déficit de 4,5% du PIB en 2013.
En Belgique, l'austérité renforcée est dénoncée par les syndicats, qui avaient organisé le 29 janvier une grève générale, la première depuis près de 20 ans, pour protester en particulier le durcissement des conditions de départ à la retraite anticipée.
L'organisation patronale, la Fédération des entreprises de Belgique (FEB), a en revanche salué les mesures qui adressent "aux marchés financiers un signal propre à rétablir la confiance".