Série noire pour EADS: le groupe européen d'aéronautique et de défense a dû annoncer coup sur coup que ses comptes 2009 étaient déficitaires et qu'il se retirait de la course au juteux contrat des avions ravitailleurs américains, compliquant son expansion outre-Atlantique.
Des nouvelles aussitôt sanctionnées par le marché mardi: à 13H18, son action affichait la plus forte baisse du CAC40: -4,63% à 15,15 euros, dans une bourse parisienne en recul de 0,60%.
L'an passé, EADS a essuyé une perte nette de 763 millions d'euros, contre un bénéfice de 1,57 milliard en 2008. Il a été plombé une fois encore par les surcoûts de l'avion de transport militaire A400M, un programme en retard de plus de trois ans qui l'avait déjà fait tomber dans le rouge en 2007.
A ce titre, il a dû passer une nouvelle provision de 1,8 milliard d'euros, qui vient s'ajouter aux 2,4 milliards d'euros provisionnés précédemment.
Dans l'aviation civile, la principale filiale du groupe, Airbus, a été aussi pénalisée par une charge de 240 millions d'euros sur le très gros porteur A380, dont la montée en cadence est plus complexe que prévu.
Déficitaire, EADS renonce à verser un dividende à ses actionnaires au titre de 2009, mais compte le faire en 2010, a indiqué le directeur financier Hans-Peter Ring.
Ces mauvais résultats interviennent quelques heures après qu'EADS et son partenaire américain Northrop Grumman ont annoncé qu'ils ne répondraient pas à l'appel d'offres du Pentagone pour la fourniture d'avions ravitailleurs, ce qui laisse leur rival américain Boeing seul en lice.
EADS, qui a écarté l'idée d'aller seul au combat, voit ainsi s'échapper un contrat de 35 milliards de dollars, qu'il avait remporté en 2008 avec son allié avant que la commande ne soit annulée puis rouverte par le Pentagone.
Cette décision complique sa stratégie de développement dans la défense et aux Etats-Unis, pour moins dépendre des cycles de l'aviation civile et se protéger des fluctuations de l'euro face au dollar. Le groupe supporte la majeure partie de ses coûts de production en monnaie européenne, mais vend ses avions en devise américaine.
Son projet d'implantation d'une usine Airbus en Alabama est ainsi tombé à l'eau.
Cependant, le président d'EADS, Louis Gallois, a assuré ne pas vouloir changer sa "stratégie concernant le marché américain": "nous voulons accroître notre présence aux Etats-Unis", a-t-il confirmé. Il n'a ainsi pas exclu des acquisitions, mais plutôt de "taille moyenne".
Pour 2010, EADS affiche un certain optimisme: il prévoit un chiffre d'affaires "globalement stable" après les 42,8 milliards enregistrés en 2009 et un résultat d'exploitation (Ebit) d'"environ 1 milliard", après une perte d'exploitation 322 millions l'an dernier.
Ainsi, le marché de l'aviation civile offre désormais "plus de visibilité", a jugé M. Gallois, alors que les compagnies aériennes ont été sévèrement malmenées par la crise économique.
C'est ce qui conduit Airbus à augmenter la cadence de production de ses moyen-courriers de la famille A320, de 34 à 36 par mois, à partir de décembre 2010. L'avionneur reviendra ainsi à ses taux de production antérieurs à octobre dernier.
Airbus attend entre 250 et 300 commandes brutes d'avions en 2010. "Ce n'est pas l'euphorie, le nombre de commandes sera limité et peut-être aussi limité en 2011, mais le carnet de commande se solidifie", a jugé M. Gallois.
Il prévoit de livrer "au maximum" le même nombre d'appareils qu'en 2009, qui avait été une année record avec 498 avions remis aux compagnies aériennes.