Après l'annonce d'une nouvelle explosion du chômage en novembre, les yeux sont rivés sur le sommet sur l'emploi du 18 janvier qui accouchera de mesures "concrètes", promet le gouvernement, mais les syndicats restent sceptiques à quelques mois de la présidentielle.
En conviant début décembre patronat et syndicats à ce sommet, Nicolas Sarkozy a voulu que chacun "apporte des solutions", avance des "propositions". Le chef de l'Etat a promis lui-même des "mesures fortes" qu'il pourrait dévoiler durant la première quinzaine de janvier.
L'annonce lundi d'une nouvelle envolée du chômage en novembre pour le septième mois consécutif - avec 30.000 demandeurs d'emploi sans activité supplémentaires portant leur nombre à 2,84 millions - sur fond d'entrée en récession et de caisses vides de l'Etat, a fait l'effet d'une douche froide.
Se disant "entièrement mobilisé", le ministre du Travail Xavier Bertrand table sur le sommet pour "proposer des solutions d'application rapide" en vue de "contenir au maximum les effets de la crise".
Le ministre a commencé par couper court aux spéculations- avancées par la presse- sur des aménagements du temps de travail. "Il ne s'agit pas de dire qu'on va sortir des 35 heures". Et "pas question non plus de revenir sur les avantages des heures supplémentaires", a-t-il martelé mardi, opposant ainsi une fin de non recevoir à la demande unanime des syndicats.
M. Bertrand, qui va recevoir les organisations syndicales durant les deux premières semaines de janvier, a avancé plusieurs pistes, comme la création de CDI dans le secteur de l'intérim pour donner un "statut plus protecteur" aux intérimaires.
Autre mesure phare, le renforcement du chômage partiel - baptisé aussi activité partielle - qui permet d'éviter les licenciements grâce à une allocation versée notamment par l'Etat. Ce dispositif, que le ministre veut rendre "plus simple et plus rapide à déclencher", a les faveurs des syndicats et du patronat qui vont en discuter de leur côté le 6 janvier. La CGT a mis sur la table une réforme ambitieuse pour le simplifier.
En revanche, le développement d'"accords compétitivité-emploi", sorte de garantie de l'emploi en échange d'une flexibilité sur les salaires, prônée par M. Bertrand est décrié. "La solution n'est pas là", a affirmé le secrétaire confédéral CGT Eric Aubin pour qui "l'emploi, on ne peut pas le garder à n'importe quelle condition. La question du pouvoir d'achat est un vrai problème aujourd'hui".
La CGT se montre méfiante sur la finalité même du sommet en pleine campagne électorale: il "risque de se réduire à un énième nouveau plan de communication d'un président en fin de règne", prévient la centrale de Bernard Thibault, décidée à mobiliser les salariés le 18 janvier pour "faire pression".
Pour François Bayrou, candidat à l'Elysée, c'est le débat présidentiel qui va "servir de sommet social".
La CDFT, de son côté, refuse de discuter au sommet des réformes "structurelles" qui sont un "débat de la présidentielle". Evoquer ces sujets serait "une instrumentalisation", affirme le secrétaire national Laurent Berger. Il résume les propositions que défendra François Chérèque: chômage partiel, mesures en faveur des jeunes, accompagnement renforcé des jeunes en fin de CDD, renforcement des moyens de Pôle emploi.
Pour Force ouvrière, le nerf la guerre c'est l'argent: "combien le gouvernement est prêt à mettre sur la table", demande Jean-Claude Mailly, numéro un de la confédération. Il rappelle que l'Allemagne consacre "dix fois plus d'argent" que la France à l'activité partielle.
Quant à la proposition de la CGPME de porter la durée maximale des CDD à 30 mois, contre 18 actuellement, elle ne fait pas mouche. "Plus de flexibilité" n'améliore pas l'emploi, rétorque M. Mailly.