L'agence de notation Standard & Poor's a abaissé mardi de "A+" à "A" la note de la République de Chypre en raison de la fragilité de son système financier.
Selon S&P, cette décision a été prise en raison des "vulnérabilités croissantes" du système financier chypriote et de "l'impact que celles-ci pourraient avoir sur les finances publiques" du pays.
"Nous considérons le budget 2011 comme un premier pas important pour la consolidation budgétaire (de Chypre), mais nous croyons que cela sera assombri par les risques budgétaires contingents", a ajouté l'agence de notation.
En juillet, Standard & Poor's avait placé la République de Chypre sous surveillance négative en raison de la détérioration des finances publiques du pays.
La décision de S&P intervient alors que la zone euro traverse une nouvelle période de fortes turbulences en raison des inquiétudes que suscitent l'Irlande, le Portugal, la Grèce ou même l'Espagne, des pays handicapés par des déficits importants et soumis à la pression des marchés.
Selon S&P, l'exposition du système financier chypriote à la Grèce représente plus de 2,5 fois le PIB du pays.
De plus, le niveau d'endettement des ménages est parmi les plus élevés d'Europe, à 280% du PIB. Une grande partie est garantie "par l'immobilier, dont la valeur, globalement, a diminué ces deux dernières années", souligne l'agence de notation.
Standard & Poor's estime que le déficit budgétaire de Chypre atteindra 6% du PIB en 2010, soit un niveau proche de 2009 (6,1%).
"Bien que nous pensons que le vote du budget 2011 (...) sera suffisant pour permettre au gouvernement d'atteindre son objectif d'un déficit à 4,5% du PIB, nous prévoyons que le ratio dette/PIB s'élèvera à 79% en 2011, contre 48% fin 2008", a souligné l'agence.
Le président chypriote Demetris Christofias a accusé, lors d'une conférence économique à Nicosie, les syndicats et partis politiques d'être responsables de la dégradation de la note de Chypre, en n'ayant pas soutenu les propositions du gouvernement destinées à faire baisser le déficit et réduire la dette.
"Si tous les partenaires sociaux avaient pris leurs responsabilités en adoptant des mesures simples, ceci ne se serait pas produit", a-t-il affirmé.
"Si les gens ne jouaient pas au ping-pong avec les mesures en disant +on ne peut pas faire cela+ (...), nous ne serions pas sous la menace de l'Union européenne (...) de nous voir imposer des mesures encore plus sévères", a-t-il ajouté.
Afin de réduire le déficit public, le gouvernement cherche un consensus pour baisser les salaires des fonctionnaires et augmenter les taxes, en introduisant notamment la TVA sur les produits alimentaires et pharmaceutiques.
Les ministres des Finances des seize pays de la zone euro, dont fait partie Chypre, étaient réunis mardi à Bruxelles, alors que l'inquiétude grandit à propos des difficultés budgétaires de l'Union monétaire européenne.