Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll espère pouvoir répondre lundi aux syndicats de l'entreprise Spanghero, au centre du scandale sur la viande de cheval, qui demandent à reprendre le travail.
Invité dimanche de l'émission Le Grand Jury sur RTL , le ministre a dit s'attendre à disposer "dès demain des éléments intermédiaires (de l'enquête) qui permettront de prendre des décisions", après la suspension jeudi de l'agrément vétérinaire pour cette entreprise de Castelnaudary (Aude). La mesure a mis au chômage technique quelque 300 employés.
La société, rachetée en 2009 à la famille Spanghero par la coopérative basque Lur Berri, est accusée d'avoir revendu de la viande chevaline comme viande bovine utilisée ensuite dans plus de 4,5 millions de plats frauduleux vendus dans 13 pays européens.
M. Le Foll doit recevoir lundi soir les syndicats, avec les ministres délégués de la Consommation Benoît Hamon et de l'Agroalimentaire Guillaume Garot.
Dans un communiqué conjoint, les ministres disent vouloir préparer avec (les représentants du personnel) les conditions de redémarrage de l'entreprise".
"Cela prouve que notre mobilisation pour les 300 emplois de Spanghero a payé", a déclaré à l'AFP Claude Hill délégué CFDT.
"Nous dirons aux ministres qu'il faut rétablir sans attendre l'agrément sanitaire pour nos plats cuisinés et la saucisserie, qui ne contiennent pas du tout de boeuf, quitte à ce qu'il y ait des contrôles quotidiens des fraudes et des services vétérinaires, car nous n'avons rien à cacher", a-t-il ajouté.
Malgré les dénégations de la direction de Spanghero qui clame son innocence, le gouvernement souligne qu'il est intervenu en raison d'un "faisceau d'indices graves, précis et concordants mettant en évidence une tromperie économique du consommateur, d'ampleur européenne".
"Il y a eu tricherie, il y a eu tromperie, il y a eu fraude", a martelé M. Le Foll. L'enquête est nécessaire pour déterminer comment des étiquettes ont été changées, et vise à donner à l'entreprise "la capacité de se redresser", a-t-il expliqué.
Le scandale a éclaté en Grande-Bretagne et en Irlande, où des traces de viande de cheval ont été découvertes le mois dernier, avant de s'étendre rapidement à toute l'Europe.
Ses ramifications sont vastes et complexes, puisque de la viande de cheval découverte dans des plats préparés distribués en Autriche par la chaîne allemande Lidl a été étiquetée par une entreprise au Liechtenstein, selon un porte-parole de l'Agence autrichienne pour la santé et la sécurité alimentaire.
Les 27 Etats membres de l'UE ont décidé de procéder à environ 2.250 tests. De 10 à 150 tests sont prévus dans chaque pays, principalement au niveau des distributeurs, sur des produits alimentaires destinés aux consommateurs.
M. Le Foll s'est dit favorable à un agrément européen pour les négociants en viande, qui interviennent dans les circuits qui débouchent sur la distribution de plats cuisinés.
Le ministre a également souhaité "favoriser une organisation à l'échelle nationale qui permettre de tracer la viande" dans les produits transformés et de "valoriser la viande bovine française".
"Une crise, c'est un révélateur... Cette crise doit faire progresser l'idée que l'on doit pouvoir tracer une viande même si elle est dans un produit transformé", a-t-il dit.
En Grande-Bretagne, près d'un tiers des consommateurs ont décidé de ne plus acheter de plats préparés et sept pour cent des personnes interrogées disent avoir arrêté de manger de la viande, selon un sondage publié dimanche.