Les principaux pays d'Europe et d'Asie se retrouvaient lundi à Bruxelles pour un sommet qui s'annonce dominé par les contentieux sur le commerce, mais avec en toile de fond une crise diplomatique persistante entre Pékin et Tokyo et la situation en Birmanie.
La question du taux de change de la monnaie chinoise, un sujet tabou pour Pékin, ne figure officiellement pas à l'ordre du jour de la réunion de deux jours de l'Asem (Asia Europe Meeting), un forum de dialogue créé en 1996.
Mais elle devrait occuper une bonne partie des discussions entre les chefs d'Etat et de gouvernement, ou représentants des 46 pays rassemblés dans la capitale belge à partir de 15H00 (13H00 GMT).
Les Européens, à l'instar des Etats-Unis, entendent faire pression au moins en coulisse sur les pays asiatiques, notamment la Chine, pour qu'ils cessent de faire du dumping monétaire en vue de doper leurs exportations. Et pour qu'ils laissent les entreprises européennes investir chez eux.
Le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, s'est défendu dans un entretien diffusé dimanche sur CNN en affirmant que "la Chine ne cherche pas à tout prix à dégager un excédent commercial".
Il a aussi contre-attaqué en Grèce en demandant à l'Europe de cesser tout "protectionnisme" via des mesures anti-dumping.
Tous ces débats risquent toutefois d'être en partie relégués au second plan par le différend entre Pékin et Tokyo autour d'une zone maritime revendiquée par les deux puissances.
Tokyo a évoqué la possibilité d'une rencontre en marge de la réunion entre son Premier ministre Naoto Kan et Wen Jiabao alors que le régime communiste chinois a gelé tout contact politique de haut niveau avec les responsables nippons.
Selon l'agence de presse nippone Kyodo, le ministère de la Défense japonais envisage d'acheter des avions espions sans pilote américains de type Global Hawk, afin de pouvoir suivre plus précisément les manoeuvres des armées chinoises et le programme nucléaire nord-coréen.
Toujours selon cette agence, le Japon prévoit en outre de mener des exercices militaires conjoints avec les Etats-Unis en décembre, afin de simuler la défense d'îles japonaises éloignées du coeur de l'archipel en cas d'attaque ennemie.
Sur le front des droits de l'Homme, la junte birmane risque de se retrouver sous pression à Bruxelles.
Dans un projet de communiqué prévu pour être adopté mardi à l'issue du sommet de l'Asem, l'Europe et l'Asie veulent lui lancer un appel pour libérer "en temps opportun" les prisonniers politiques et organiser des élections vraiment "libres".
Rangoun est représenté au sommet par son ministre des Affaires étrangères Nyan Win qui a obtenu une dérogation pour se rendre en Belgique. La junte birmane est en effet la cible de sanctions de l'UE, qui interdit notamment à ses représentants de se rendre sur son territoire.
La présence en Belgique du général Nyan Win a néanmoins suscité les protestations de l'ONG belge "Actions Birmanie".
Les "Amis du Tibet" ont par ailleurs appelé à une manifestation mardi devant le lieu de la réunion pour réclamer une reprise du dialogue entre les envoyés du Dalaï Lama et les officiels chinois. Le projet de communiqué officiel du sommet ne fait à aucun moment référence au Tibet.
La 8e réunion de ce forum de dialogue doit s'achever mardi soir. Elle sera suivie de deux rencontres bilatérales mercredi entre les dirigeants de l'Union européenne et la Chine d'une part, la Corée du Sud d'autre part.
L'Asem réunit 46 pays au total, tous ceux de l'Union européenne et les plus importants de la zone Asie-Pacifique, à commencer par la Chine, l'Inde et la Russie.