La Banque centrale du Japon (BoJ) a décidé vendredi de conserver en l'état sa politique monétaire et d'espacer ses réunions, estimant que la conjoncture économique n'exigeait pas d'agir dans l'urgence.
L'institut d'émission va réduire de 14 à 8 le nombre de réunions annuelles de son comité de politique monétaire. Cette décision sera effective à compter de janvier 2016, selon un communiqué.
"La fréquence actuelle, toutes les trois ou quatre semaines, est trop élevée au regard des changements économiques qui surviennent dans ce laps de temps", a expliqué le gouverneur, Haruhiko Kuroda, lors d'une conférence de presse.
"Si jamais il se passait un évènement nécessitant une décision rapide, nous convoquerions une réunion extraordinaire", a promis M. Kuroda.
"La Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE) tiennent chacune leur comité de politique monétaire huit fois par an", a argué la BoJ.
Elle s'engage cependant à plus de transparence et à donner après chaque réunion des informations plus précises sur l'état de la troisième économie mondiale, en offrant chaque trimestre un diagnostic complet sur les perspectives d'évolution de la croissance et des prix.
Pour le moment, ce rapport est présenté deux fois par an et révisé au besoin un trimestre plus tard.
- Statu quo monétaire -
La BoJ prévoit aussi de publier un nouveau document présentant les opinions de chacun de ses 9 membres, a précisé le communiqué.
Réunis pendant deux jours, les neufs ont reconduit, à 8 voix contre 1, le dispositif d'assouplissement qualitatif et quantitatif visant à augmenter la base monétaire de 80.000 milliards de yens par an (620 milliards d'euros), via un important programme de rachat d'actifs.
La BoJ a justifié ce statu quo par les récentes statistiques économiques.
"L'économie japonaise a continué de se redresser modérément", a jugé l'institut d'émission qui précise que si l'indice d'évolution des prix "est voisin de zéro et devrait le rester quelque temps", cela "est dû aux effets de la baisse des cours de l'énergie".
Durant la période de janvier à mars, le Produit intérieur brut (PIB) du Japon a augmenté de 1% par rapport à octobre-décembre 2014.
L'activité économique s'est amplifiée à un rythme supérieur aux attentes grâce aux investissements des entreprises, plus importants que prévu, confirmant la consolidation de la reprise amorcée au 4e trimestre 2014 après une période de récession.
Même si la demande intérieure des ménages reste timorée, la probabilité d'un nouveau coup de pouce monétaire dès cet été s'est réduite comme peau de chagrin, selon les économistes.
- Optimisme intact -
"Il est certain que le marché du travail et les conditions salariales vont continuer de s'améliorer, ce qui va soutenir les dépenses des foyers", a assuré M. Kuroda.
Certains analystes estiment cependant que la BoJ aura du mal à justifier son immobilisme en cas de rechute de l'activité au 2e trimestre.
"Elle va probablement assouplir (sa politique monétaire, NDLR) en octobre", prédit l'analyste Marcel Thieliant, de Capital Economics.
Il est à craindre que le rythme d'évolution du PIB ne puisse pas se maintenir autour du +1% constaté au 1er trimestre, en raison de la consommation des ménages trop faible et du manque de dynamisme des exportations (malgré la baisse du yen), selon M. Thieliant qui craint aussi un repli des investissement des entreprises.
En dépit des statistiques mitigées et du fait que l'inflation n'a pas redécollé depuis la hausse de taxe sur la consommation en avril 2014, le gouverneur de la BoJ considère que l'objectif de 2% fixé il y a deux ans devrait être atteint au cours du deuxième semestre 2016.
Interrogé sur les effets de la baisse du yen face au dollar et à l'euro, certes bénéfique aux exportateurs mais défavorable aux importateurs, M. Kuroda a répété que "l'on ne peut pas dire qu'il y ait une influence négative de la baisse du yen sur l'économie japonaise". "Mais il est important que la valeur d'une monnaie reflète les fondamentaux d'une économie", a-t-il ajouté.
"La politique monétaire n'est pas faite pour influencer les taux de change, mais pour assurer la stabilité des prix", a insisté M. Kuroda.