La France a subi une récession encore plus sévère que prévu l'an dernier et la reprise s'y annonce plus molle, avec une croissance freinée par une consommation des ménages au point mort et des investissements qui continuent de reculer.
Le produit intérieur brut (PIB) de la France n'a progressé que de 0,1% au premier trimestre, selon une première estimation publiée mercredi par l'Insee, qui a également revu en nette baisse les performances de l'économie hexagonale depuis l'éclatement de la crise internationale.
Selon ces chiffres révisés, la croissance française est limitée à 0,1% sur l'ensemble de 2008, contre +0,3% annoncé précédemment.
Quant à la récession historique enregistrée en 2009, elle est encore plus sévère que prévu avec une chute du PIB de 2,5%.
Pour cette année, le gouvernement mise officiellement sur une croissance de 1,4%, une prévision en ligne avec celles du Fonds monétaire international (1,5%) et de la Commission européenne (1,3%).
Selon l'entourage de la ministre de l'Economie Christine Lagarde, cet objectif pour 2010, qui nécessite une croissance de 0,4% en moyenne sur les trois derniers trimestres, reste "prudent" et n'est pas remis en cause par la faible hausse du PIB au premier trimestre.
L'Insee tablait sur +0,2% et la Banque de France sur +0,4%.
"En moyenne, l'activité française augmente de +0,3% par trimestre depuis un an. C'est le signe que les politiques de relance ont permis à l'économie française de se redresser durablement", estime le ministère dans un communiqué.
L'Espagne enregistre elle aussi 0,1% de croissance sur les trois premiers mois de l'année mais sort seulement de la récession tandis que le PIB allemand gagne 0,2%, souligne-t-on de même source. L'Italie, 3e économie de la zone euro, enregistre +0,5%.
La croissance moyenne de la zone euro atteint 0,2% au 1er trimestre mais elle avait stagné au dernier trimestre 2009, alors que le PIB français avait progressé de 0,5%, dopé par les achats automobiles.
Pour l'économiste Alexander Law (Xerfi), le chiffre de la croissance française est toutefois "le signe d'une économie qui peine à sortir de la crise" tandis que Nicolas Bouzou (Asterès) le qualifie de "douche froide".
"Les ressorts internes de la croissance paraissent cassés : l'investissement des entreprises", qui chute pour le 8e trimestre consécutif, "poursuit son incroyable traversée du désert tandis que les ménages restreignent leurs dépenses", ajoute M. Law.
Comme l'Insee l'anticipait, la consommation des ménages, traditionnel moteur de la croissance en France, a calé, stagnant au début de l'année.
Même si le contrecoup de la suppression progressive de la "prime à la casse" qui avait dopé la consommation fin 2009 était inévitable et prévisible, "la consommation française est aujourd'hui en grand danger, pour la simple et bonne raison que le pouvoir d'achat est vraisemblablement en baisse depuis le début de l'année", analyse Alexander Law.
La faute à la fin des mesures de soutien gouvernementales, à la hausse du chômage qui pèse sur les salaires et au retour de l'inflation qui, à 1,7% en avril sur un an, atteint son plus haut niveau depuis 12 mois, ajoute M. Bouzou.
L'économiste s'inquiète également du recul continu de l'investissement public (-1,2% au 1er trimestre), qui n'a plus augmenté depuis le printemps 2009 malgré la mise en oeuvre du plan de relance.
Au total, la demande intérieure a retranché 0,1 point au PIB sur cette période, tandis que le commerce extérieur y contribuait pour 0,4 point.