Angela Merkel et François Hollande ont affiché jeudi à Paris leur volonté commune de renforcer la compétitivité et la croissance en Europe et se sont prononcés pour un renforcement de l'eurogroupe et des mesures pour l'emploi, un mois avant le prochain conseil européen.
A l'issue d'une journée de travail à l'Elysée, la chancelière allemande et le président français ont présenté une "contribution pour renforcer la croissance et la compétitivité", alors que le chômage en France venait de battre de nouveaux records.
Cette contribution prévoit notamment le "déboursement accéléré" de 6 milliards d'euros sur deux ans pour l'emploi des jeunes dans les régions les plus touchées.
"Nous allons faire en sorte que ces fonds puissent être dépensés dans les meilleurs délais et pour les meilleurs dispositifs", a souligné le président français lors d'une conférence de presse commune, alors que selon les chiffres officiels publiés jeudi, la France comptait 3,26 millions de chômeurs en avril, 39.800 de plus en un mois.
Autre terrain d'entente entre Paris et Berlin, qui ont parfois connu des divergences depuis l'élection de François Hollande en mai 2012 : les deux responsables ont remis sur le tapis une réforme de la gouvernance des 17 pays de la zone euro, en plaidant pour un "président à plein temps" de l'Eurogroupe (réunion informelle des ministres des Finances de la zone euro).
"Nous sommes d'accord ensemble pour qu'il y ait plus de sommets de la zone euro, avec un président à temps plein de l'Eurogroupe qui aurait des moyens renforcés", a déclaré M. Hollande lors d'une conférence de presse conjointe à l'Elysée avec la chancelière allemande Angela Merkel.
Cette fonction est actuellement assurée par un ministre en exercice dans son pays, en l'occurrence le ministre néerlandais des Finances Jeroens Jeroen Dijsselbloem, qui a succédé au Luxembourgeois Jean-Claude Juncker.
Le président Hollande avait déjà évoqué cette question lors d'une conférence de presse le 16 mai à l'Elysée avec la proposition d'un "gouvernement économique européen", une idée déjà avancée par son prédécesseur Nicolas Sarkozy.
"Nous avons besoin de davantage de coordination de politique économique (...) par une meilleur coopération notamment au sein de l'eurogroupe", a abondé Angela Merkel.
Un rapport, 30 propositions
Mme Merkel et M. Hollande ont reçu lors de leurs rencontres un rapport de deux industriels allemand et français, qui avance une trentaine de propositions en matière de politique énergétique, commerciale, d'investissement, de concurrence ou de fiscalité.
Paris et Berlin se prononceront sur ces propositions d'ici au sommet européen de la fin juin, a-t-on indiqué à Paris.
"Nous reconnaissons que l'assainissement budgétaire et la croissance sont les deux faces d'une même médaille et ne sont en rien contradictoires", a répété la chancelière allemande.
"Cessez de penser que la France voudrait échapper à ses disciplines budgétaires - ça pu être le cas dans le passé, mais depuis un an nous y avons mis bon ordre, et il n'était pas facile de prendre ces décisions", a lancé M. Hollande à la presse allemande.
"C'est toujours la même chose quand on parle de la France et de l'Allemagne, on croit que nous ne sommes pas d'accord. Et la plupart du temps nous le sommes", a-t-il insisté.
A la veille de la visite de la chancelière, François Hollande avait vertement répliqué mercredi à la Commission européenne, estimant qu'elle n'avait "pas à dicter" à la France ce qu'elle avait "à faire" alors que Bruxelles lui demandait d'entamer une réforme des retraites et du marché du travail dès cette année.
Des déclarations jugées "inappropriées", "virulentes" et "incompréhensibles" par Andreas Schockenhof, un cacique de la CDU, le parti de la chancelière.
Le sommet européen des 27 et 28 juin portera sur les questions économiques, la croissance, la compétitivité et l'emploi et tout particulièrement l'emploi des jeunes.
C'est dans cette perspective que la contribution commune de Paris et de Berlin a été rendue publique avant d'être soumise aux 25 autres capitales européennes.
La rencontre entre Angela Merkel et François Hollande avait débuté à 13h30 GMT au Musée du Louvre pour visiter l'exposition "De l'Allemagne, 1800-1939", objet d'une polémique dans des médias allemandes, qui y ont vu une vision réductrice de leur pays.
"Une belle exposition", a sobrement commenté le président français lors de la conférence de presse aux côtés d'Angela Merkel, qui a un moment confondu François Hollande avec... François Mitterrand, avant de se reprendre.
Les deux dirigeants avaient à leur programme un dîner de travail jeudi soir.