Le nombre de permis de construire de logements neufs en France a reculé de 32,2% entre mars et mai 2009, comparé à la même période un an plus tôt, a annoncé mardi le ministère de l'Ecologie.
Entre février et avril 2009, comparé à la même période un an plus tôt, ce recul était de 26,1%.
Pour les 12 derniers mois considérés (juin 2008 à mai 2009), le nombre de permis de construire déposés (401.996) est inférieur de 16,5% à celui de la période juin 2007-mai 2008, indique le ministère.
Sur le seul mois de mai, le nombre de permis de construire déposé s'est élevé à 26.452, soit une baisse de 29,1% par rapport à mai 2008.
"J'espère que nous sommes dans le creux de la vague", a déclaré à l'AFP le nouveau secrétaire d'Etat au Logement Benoist Apparu.
"Les chiffres actuels reflètent, avec un décalage de six mois, le début de la crise l'an dernier. Nous allons voir dans les prochains mois si cela va redémarrer avec le succès du +Scellier+, le dispositif fiscal pour les investisseurs louant leurs logements", a ajouté M. Apparu.
Pour Michel Mouillart, professeur d'économie à l'Université de Paris X-Nanterre, "le recul des permis de construire n'est pas surprenant car la crise économique envahit tous les secteurs et celui de la construction n'y échappe pas".
Le secteur de la construction devrait perdre 47.000 emplois en 2009 après en avoir crée 350.000 en 11 ans, malgré le plan de relance et les mesures du Grenelle de l'environnement, selon des prévisions du ministère de l'Ecologie publiées le 17 juin.
"Il faut remonter au printemps 1999 pour retrouver des chiffres mensuels de permis de construire aussi mauvais", souligne M. Mouillart.
Les chiffres globaux recouvrent de grandes différences. Alors que les mises en chantier de logements locatifs sociaux continuent de progresser (près de 75.000 en 2008 contre 68.000 en 2007) et que les ventes des promoteurs aux investisseurs louant leurs logements pour bénéficier d'avantages fiscaux connaissent un "frémissement", l'accession à la propriété connaît un véritable effondrement.
"La baisse de l'accession à la propriété en 2009 va atteindre 40.000 unités par rapport à 2008", prédit M. Mouillart.
"Cela s'explique par le marché des ventes dans l'ancien qui est bloqué et par la montée du chômage et les craintes qui tétanisent les primo-accédants", ajoute-t-il.
Aussi, M. Mouillard révise à la baisse son estimation du nombre total de mises en chantier qui devrait chuter en 2009 de plus de 15%, pour tomber "nettement sous les 320.000", contre 368.609 en 2008 et 437.086 en 2007, année record depuis la fin des années 1970.
Concernant ces mises en chantier, le chiffre le plus attendu par les professionnels, le ministère de l'Ecologie a indiqué mardi qu'il était obligé, comme le mois précédent, de différer sa publication pour le mois de mai du fait de perturbations informatiques.
Selon les experts interrogés par l'AFP, le ministère ne serait pas dans la possibilité de rétablir la diffusion de cette donnée essentielle pour suivre le marché du bâtiment avant le début de l'automne.
M. Apparu a indiqué à l'AFP qu'il "réfléchissait à lancer une inspection rapide pour comprendre pourquoi cette statistique n'est plus disponible".