France Télécom prendra officiellement le seul nom d'Orange le 1er juillet, après avoir obtenu mardi le feu vert de ses actionnaires lors de l'assemblée générale du groupe, dernière étape d'un processus engagé de longue date.
"Ce changement permettra d'achever un processus initié en 2006 pour répondre tant à la nouvelle donne du marché des télécommunications, notamment la convergence fixe et mobile, qu'au développement du groupe à l'international", a déclaré le PDG d'Orange, Stéphane Richard, lors de l'AG.
"Il est un aboutissement. Il traduit les valeurs d'un groupe français fier de ses racines, de ses conquêtes et qui est désormais immergé dans la compétition mondiale", a-t-il expliqué.
Pour le groupe c'est aussi un gage de cohérence qui lui permettra d'avoir une meilleure visibilité à l'international.
Enlever le mot "France" de sa dénomination sociale est un symbole fort pour le groupe qui tourne ainsi la page de son passé administratif, pas si lointain, et dont il porte encore l'héritage.
La naissance officielle de France Télécom remonte à janvier 1991 quand l'ancienne Direction générale des télécommunication se transforme en un établissement public à gestion autonome, et c'est en décembre 1996 que l'entreprise devient une société anonyme.
Mais ce changement de statut s'accompagne alors de deux conditions: le personnel reste fonctionnaire et l'Etat doit conserver la majorité du capital.
Aujourd'hui, l'Etat ne détient plus qu'une part de 27% au capital, par contre, l'opérateur historique emploie encore 60% de fonctionnaires sur les 100.000 collaborateurs du groupe en France.
Le pourcentage de fonctionnaires est toutefois amené à baisser fortement dans les prochaines années en raison des départs à la retraite de cette catégorie de personnel.
"Symbolique"
Le groupe n'a cependant pas l'intention de laisser croire que cette mue est une manière de jeter son histoire aux orties. Selon son PDG, Orange "repose plus que jamais sur les valeurs issues de l'opérateur historique".
"Cette modification statutaire ne présente aucun coût particulier pour l'entreprise et n'entraîne aucun autre changement, notamment dans le statut de ses collaborateurs", a encore souligné Stéphane Richard.
"Les études soulignent également qu'Orange est en mesure de porter le nouveau souffle et le sens collectif dont le groupe a besoin pour consolider son apaisement à la suite de la crise sociale", a ajouté M. Richard, estimant que "le sentiment d'appartenance à un seul et même groupe pour l'ensemble des collaborateurs s'en trouvera renforcé".
Les dirigeants de France Télécom revendiquent aujourd'hui un "climat social apaisé", quatre ans après la crise sociale déclenchée par la vague de suicides de salariés en 2008 et 2009.
De leur côté, les syndicats (CFDT, CFE-CGC/Unsa, CFTC, CGT et SUD), n'ont pas fait du changement de nom un cheval de bataille préférant insister sur le fait que "les emplois, les salaires et les investissements valent mieux que les dividendes", dans leur appel à la mobilisation sur les lieux de l'assemblée..
Ils ont toutefois expliqué que le rassemblement avait un caractère "symbolique". Le sujet génére encore quelques inquiètudes.
Ainsi, la CFDT souhaite "s'assurer que le diable n'est pas dans les détails" et que le changement de dénomination sociale "ne va pas créer un vide juridique" notamment en ce qui concerne les missions de service public ou la situation des fonctionnaires.