General Motors a obtenu jeudi l'aval de la justice pour le déblocage de la seconde tranche des 30 milliards de dollars de fonds publics nécessaires à son fonctionnement d'ici sa sortie de faillite, une simple formalité dans ce redressement judiciaire voulu aussi rapide que celui de Chrysler.
"Le financement est approuvé", a déclaré le juge des faillites Robert Gerber en charge du dossier, après avoir écouté pendant une quinzaine de minutes les avocats de plusieurs parties prenantes s'estimant lésées dans le plan de redressement du premier constructeur automobile américain.
Ce plan, orchestré par l'administration Obama, prévoit qu'un "nouveau GM" considérablement réduit, centré autour de ses actifs les plus rentables, émerge de la faillite. L'Etat américain doit être l'actionnaire principal, avec 60,8% du capital en échange des 30 milliards de fonds supplémentaires accordés -qui portent à plus de 50 milliards l'aide fédérale accordée à GM depuis décembre.
L'Etat canadien -qui a aussi accordé plus de 3 milliards au GM en faillite- doit détenir 11,7% du futur groupe et le syndicat automobile américain UAW 17,5%, laissant 10% aux créanciers et rien aux actionnaires de GM.
Une première tranche de 15 milliards de dollars avait été accordée à GM dans la foulée de son dépôt de bilan le 1er juin, devant servir à payer ses frais courants, comme les salaires et les commandes aux équipementiers.
Le déblocage de la seconde tranche vient s'ajouter aux développements favorables à une émergence rapide de la faillite observés depuis le début du redressement judiciaire de GM devant le tribunal new-yorkais des faillites.
"Il est raisonnable de penser que GM pourrait émerger de la faillite vers la mi-juillet", estimait une source judiciaire assistant aux débats au tribunal, ajoutant que jusqu'à présent des centaines d'objections soulevées par des parties prenantes avaient été écartées.
Si c'était le cas, GM, dont le dossier est bien plus complexe que Chrysler, trois fois plus petit que lui, émergerait du contrôle judiciaire en moins de deux mois, alors que Washington avait tablé sur un délai de 60-90 jours. Chrysler avait mis 40 jours.
Depuis le 1er juin, diverses motions du plan ont été validées et GM a avancé dans sa réduction de périmètre.
GM a ainsi bouclé des accords pour vendre ou éteindre ses marques Hummer, Saturn et Pontiac, dans le cadre de son recentrage sur quatre marques seulement -Buick, Cadillac, Chevrolet et GMC. En Europe, il vient de céder sa marque suédoise Saab et fait monter les enchères pour l'allemande Opel.
Le constructeur s'est engagé à réduire cette année de 35% ses équipes d'encadrement et de 20% ses effectifs de salariés, intensifiant même les réductions de postes de cols blancs prévues aux Etats-Unis, visant 6.000 suppressions contre 3.400 précédemment.
Face à GM, les mécontents du plan, des créanciers aux retraités en passant par les équipementiers et les associations de consommateurs, ont essuyé revers sur revers devant le juge Gerber.
Un comité "officiel" de la majorité des créanciers a plaidé sans succès pour la reconnaissance des engagements financiers du futur GM envers les accidents et défauts de production à venir des véhicules de l'actuel GM.
Pour l'heure, le plan de redressement prévoit que le futur GM, tout comme cela a été le cas pour Chrysler, soit dégagé des obligations légales associées à des accidents, lesquelles ont été évaluées à 2,2 milliards de dollars.
La prochaine étape-clé pour GM est l'audition du 30 juin, au cours de laquelle le juge devra se prononcer sur le plan de sortie de faillite en tant que tel.