Les pharmaciens sont invités par deux syndicats à envoyer une clé de leur officine au ministère de la Santé pour protester notamment contre un projet prévoyant une transparence totale sur les remises accordées par les fabricants de médicaments génériques.
"Madame la ministre, voulez-vous fermer mon officine ?" interpellent dans une lettre l'USPO et l'UNPF. Les deux syndicats proposent aux pharmaciens de transmettre ce courrier, assorti des clés de leur établissement à Marisol Touraine, ministre de la Santé.
Par cette action symbolique, ils s'élèvent contre la lenteur des négociations sur la rémunération des pharmaciens et le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2014, qui prévoit des économies sur les médicaments à hauteur de 960 millions d'euros.
Ils protestent également contre l'article 40 du PLFSS, qui impose aux fabricants de génériques de déclarer tous les avantages commerciaux et financiers accordés aux pharmaciens.
Les laboratoires peuvent proposer aux officines des remises commerciales dans la limite de 17% du prix catalogue. Mais d'autres types de remises existent, sous forme de contrats de coopération commerciale, "qui sont des contournements de ce plafond de 17%", écrit le gouvernement dans son étude d'impact du PLFSS.
Les syndicats craignent que cet article aboutisse à l'interdiction de ces remises supplémentaires.
"On risque de perdre l'équivalent des contrats (de coopération commerciale), soit 30.000 euros par officine par an, soit un emploi par officine", affirme Gilles Bonnefond, secrétaire général de l'USPO.
L'interdiction de ces contrats serait également une "catastrophe" pour Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, le premier syndicat de pharmaciens, qui ne participe pas à l'opération.
M. Gaertner souhaite au contraire que la loi entérine leur existence.
La transparence sur les ristournes permet à l'Assurance maladie de repérer le prix auquel sont réellement facturés les génériques et donc de renégocier à la baisse le tarif de ces médicaments. Or, des génériques moins chers impliquent des remboursements moins élevés pour la Sécu.
Elle en attend une économie de 15 millions d'euros en 2015, 30 millions en 2016 et 45 millions en 2017.