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Goodyear: la CGT veut créer une Scop pour reprendre l'usine d'Amiens-Nord

Publié le 26/02/2013 13:10

La CGT de Goodyear à Amiens-Nord a créé la surprise, et repris l'initiative après le retrait de l'Américain Titan international, en annonçant mardi aux salariés son intention de monter une Scop (coopérative), pour sauvegarder l'usine menacée de fermeture.

Syndicat ultra majoritaire à l'usine d'Amiens-Nord, la CGT a dévoilé ce projet par la voix de son avocat, Fiodor Rilov, devant quelque 200 salariés rassemblés sur le parking de l'usine qui emploie actuellement 1.173 salariés.

Une société coopérative et participative (Scop) est une entreprise dont les salariés détiennent la majorité des parts et sont associés à la gestion.

"On a travaillé à la possibilité de créer une Scop pour réaliser exactement le même projet que celui qui devait être mis en oeuvre par Titan", a annoncé Me Rilov aux salariés.

Le groupe américain Titan International, un temps pressenti pour reprendre l'usine Goodyear d'Amiens-Nord, avait finalement renoncé à ce projet.

Cette annonce intervient quelques jours après que la CGT a déclaré son intention d'attaquer en diffamation le PDG du groupe américain, Maurice Taylor, qui avait raillé les ouvriers d'Amiens-Nord dans une lettre cinglante adressée au ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg.

Dans le même temps, la CGT a annoncé son intention d'assigner "dans les jours qui viennent" la société-mère de Goodyear aux Etats-Unis pour réclamer "le retour des volumes de production", après s'être désisté d'une action similaire engagée en France, lorsque a été décidée "une baisse significative de la production".

Le projet de Scop "ne pourra se mettre en place que si une immense majorité des salariés de cette usine décide de s'en emparer", a ajouté l'avocat. Pour lui, "le projet de Titan avait un seul défaut : il était porté par Titan (...) qui refusait de signer un engagement sur la production".

Une réunion doit se tenir "la semaine prochaine ou dans quinze jours" pour évoquer le projet de Scop, a indiqué le représentant de la CGT, Mickaël Wamen.

"L'activité de pneus agraires est parmi les plus rentables pour Goodyear, qui fait des profits colossaux", a estimé Me Rilov.

Cette annonce a été accueillie avec tiédeur par le syndicat Sud.

"C'est un argument juridique, une parade de la CGT. La CGT propose cette solution-là uniquement pour contrer le projet de fermeture de la direction", a réagi Magid Boubeker, délégué syndical Sud.

Pour le syndicaliste, avec cette proposition, "on reste dans le domaine juridique. Jusqu'à présent, ça n'a pas fait ses preuves. Cela a donné plus de temps à la direction pour démanteler l'usine".

"Il y a une possibilité économique de poursuivre cette activité dans le cadre d'une Scop: il n'y a pas de contestation possible", a estimé l'avocat, à une condition toutefois: "Goodyear doit accepter de donner à une éventuelle Scop la marque, (...) tout ce qu'il était prêt a livrer gratuitement à Titan".

"S'ils nous disent non, il va falloir qu'ils expliquent au juge pourquoi ils préfèrent licencier 1.200 personnes", a poursuivi le conseil de la CGT.

Les salariés, vêtus de tee-shirts "Goodyear patrons voyous", se sont ensuite rassemblés en centre ville pour un "barbecue de lutte" sur le parvis de l'hôtel de ville où une banderole "Goodyear, rentabilité partout, humanité nulle part" a été déployée.

Ils doivent ensuite manifester à partir de 15H00, puis se rendre à l'usine où 1.173 kilos de pneus doivent être brûlés.

"A Sud, on ne croit pas à la voie juridique. On croit que la mobilisation de masse peut changer la donne", a conclu Magid Boubeker.

La CGT, elle, croit toujours à l'action judiciaire. Elle va demander, a annoncé Me Rilov, au comité d'entreprise européen de Goodyear, qui devrait se réunir le 13 mars, la suspension de toute fermeture pour irrégularité.

"Cette usine existera tant qu'on y croira", a lancé de son côté Mickaël Wamen.

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