Des milliers de Grecs ont manifesté mercredi, jour de grève générale, contre les mesures d'austérité et les privatisations décidées par le gouvernement socialiste qui cherche à obtenir une nouvelle aide internationale afin d'éviter une restructuration de la dette grecque.
Environ 10.000 personnes selon la police ont battu le pavé à Athènes contre les sacrifices imposés au pays.
Les deux compagnies grecques, Olympic Air et Aegean, ont annulé des vols. Les ferries vers les îles sont restés à quai, et les trains en gare.
Pour la deuxième fois depuis le début de l'année, les syndicats - GSEE pour le privé, Adedy pour les fonctionnaires ainsi que le front syndical communiste Pame - protestaient contre un durcissement de la cure d'austérité, assorti d'une intensification des privatisations (50 milliards d'euros d'ici 2015), un plan qui est actuellement évalué et discuté avec les représentants des bailleurs de fonds du pays (zone euro et FMI), présents à Athènes.
"Les nouvelles mesures frappent unilatéralement les travailleurs et l'emploi et pas les possédants ni les banquiers, ni tous ceux qui ont fait la crise et en profitent" a déclaré à l'AFP Stathis Anestis, secrétaire général adjoint de la GSEE.
"Après un an (d'aide internationale), nous sommes hélas dans une situation pire, le chômage a explosé, les salaires sont au plus bas niveau et le pire c'est qu'il n'y a aucune perspective d'issue," a-t-il ajouté.
"On veut nous supprimer des acquis sociaux de plusieurs siècles" a renchéri Vangelis Papadoyannis, 46 ans, employé d'Intracom, une société de nouvelles technologies.
"Dans mon entreprise, on a eu une vague de licenciements, une centaine en janvier, ils nous ont changé nos conditions de travail, ils nous ont baissé le salaire de 15% et ça continue (...) Ce mémorandum (le prêt de l'UE et du FMI) qui selon le gouvernement devait nous sauver, est allé aux banques", a-t-il regretté.
"Non au bradage" indiquaient certaines banderoles critiquant le programme de privatisations qui prévoit d'ouvrir le capital des grands groupes publics (électricité, eau...) afin de réduire la dette, qui a explosé au dessus de 340 milliards d'euros et doit atteindre 152% du PIB d'ici la fin de l'année.
"Si c'était au profit de l'Etat, on serait prêt à des concessions, mais ils ne nous bradent que pour rembourser nos créanciers", a regretté Tassoula Carabina, 48 ans, employée du groupe d'électricité DEI-PPC.
Quelques incidents ont eu lieu lors de l'arrivée du cortège, avec du mobilier urbain incendié, jets de pierre, suivis de tirs de grenades assourdissantes et lacrymogènes par la police sur des groupes de jeunes manifestants, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Mais aucune violence du même type que celles de l'an passé lorsque trois employés de banque sont morts le 5 mai 2010 en marge d'une telle manifestation, asphyxiés dans l'incendie provoqué par un jet de cocktail molotov. La police a annoncé cinq interpellations, et une source hospitalière sept blessés.
Le train de mesures pris l'an dernier en contrepartie du sauvetage du pays via le déblocage d'un prêt de 110 milliards d'euros par l'UE et le FMI a pour l'instant échoué à rétablir l'accès du pays aux marchés.
"Le programme de réformes a échoué," a dit mercredi à l'AFP Platon Monokroussos, économiste pour Eurobank selon qui le gouvernement est en train de négocier "un nouvel accord" .
Les Européens planchent sur les moyens d'empêcher un défaut grec au cas où les taux d'intérêt imposés au pays, actuellement prohibitifs à plus de 15%, continueraient de l'empêcher de se refinancer sur les marchés en 2012.