L'équipementier automobile Heuliez (300 employés) a été placé jeudi en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Niort, qui lui a laissé six mois pour surmonter ses difficultés.
Dans son jugement, le tribunal accorde une période d'observation de six mois, laissant à l'administrateur du temps pour trouver un éventuel repreneur, alors que le carrossier de Cerizay (Deux-Sèvres), est en lice pour gagner un important contrat avec le constructeur allemand Volkswagen.
Les trois représentants du personnel présents se sont montrés "soulagés" que le tribunal accorde une nouvelle chance à l'entreprise de 283 CDI et 12 CDD, en cessation de paiements pour la troisième fois depuis 2009.
"Je pense que c'est satisfaisant, cela laisse du temps pour tenter de trouver des solutions", a déclaré Claude Point, de la CFDT.
"Six mois c'est une bonne période, cela permet de se poser (...) de pouvoir étudier correctement des offres potentielles de reprise ou de continuité", a déclaré pour sa part Jean-Emmanuel Valade (CFE-CGC).
Lundi, la direction avait annoncé aux salariés le dépôt de bilan, après une année 2012 marquée par les difficultés dans le secteur, entraînant un endettement de près de 10 millions d'euros, selon Claude Point.
Heuliez espère être sauvé par un contrat avec Volkswagen, encore disputé par une douzaine de sous-traitants sur les "quatre ou cinq" qui seront retenus au final, selon Jean-Emmanuel Valade.
Selon M. Point, ce contrat apporterait 20 à 30 millions d'euros annuels de chiffre d'affaires à partir de 2014 et porterait sur 3.000 à 6.000 références de pièces détachées, notamment pour des véhicules en fin de vie.
"J'espère qu'il y aura des candidatures pour la reprise de l'entreprise", a-t-il déclaré en souhaitant aussi que le contrat avec Volkswagen se concrétise. "Ce n'est pas parce qu'il y a des discussions que cela aboutira. C'est un processus très long", a-t-il cependant ajouté, en soulignant que l'on "ignore quelle sera la position du constructeur suite à ce dépôt de bilan".
En effet Volkswagen avait notamment parmi ses critères de choix entre les sous-traitants la garantie d'une stabilité.
"La société et la direction mettront tout en oeuvre pour aider les candidats repreneurs à finaliser leur projet, et faire ainsi aboutir le plan de reconversion engagé il y a trois ans, et surtout la coopération avec le groupe VW, avec lequel les discussions ont été entamées intensément et positivement depuis plus de 12 mois", a réagi de son côté la direction dans un communiqué.
Baelen Gaillard Industrie (BGI), qui avait repris les activités historiques (emboutissage, ferrage, assemblage, carrosserie) de l'usine Heuliez lors de son avant-dernier dépôt de bilan, en 2010, avait annoncé être arrivé "au bout de sa capacité de soutien", rendant une nouvelle recapitalisation impossible.
Fin 2012, l'entreprise avait cédé son activité aéronautique à Eurocopter, alors que les contrats escomptés dans le secteur des véhicules électriques, pour lequel elle devait fournir des châssis, n'étaient pas au rendez-vous.
Avant d'être repris en 2010 par BGI, Heuliez - qui comptait encore un millier de salariés en 2009 - avait déjà subi deux dépôts de bilan, un plan social, et une reprise avortée par Bernard Krief Consulting (BKC).
En 2009, son sauvetage a fait l'objet de passes d'armes entre le gouvernement alors de droite et Ségolène Royal, présidente PS de la région Poitou-Charentes, entrée dans son capital à hauteur de cinq millions d'euros. L'ex-candidate à la présidentielle avait même accusé le gouvernement de vouloir favoriser des concurrents.
Lundi, le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a assuré qu'Etat et collectivités locales "vont rechercher toutes les voies et moyens pour préserver l'outil industriel et le savoir-faire sur le site".