Exprimant son ras-le-bol face à la baisse continue des effectifs, déjà amputés de 5.500 personnes en trois ans, le comité central d'entreprise d'Air France a rejeté jeudi le nouveau plan de départs volontaires, ce qui n'empêche pas son exécution.
Annoncé fin janvier après le lancement du plan de croissance "Perform 2020", il vise à supprimer près de 800 postes en équivalent temps pleins parmi le personnel au sol (496) et chez les hôtesses et stewards (300). Les pilotes ne sont pas concernés.
Il intervient dans le cadre de la poursuite de la restructuration par la compagnie de son réseau court courrier, en perte de vitesse.
Réunis jeudi à Roissy, les représentants des salariés ont rendu un avis négatif sur le projet au sol (7 contre, 3 abstentions) et se sont abstenus sur celui concernant le personnel en cabine (6 abstentions, 4 contre).
La maison mère Air France-KLM, engagée depuis le début de l'année dans le plan de croissance "Perform 2020", poursuit parallèlement la réduction des effectifs entreprise en 2012 avec le précédent plan, "Transform 2015".
Sollicitée par l'AFP, la direction d'Air France fait valoir que "Transform" a permis à l'entreprise d'"engager son redressement et son retour sur le podium mondial en termes de produits et de services".
Le groupe entend "retrouver, avec la mobilisation de toutes les équipes, une position compétitive face à la concurrence internationale en plein essor, lui permettant de poursuivre ses investissements et de croître", a-t-elle ajouté.
Voici un point sur l'évolution des effectifs chez Air France durant "Transform 2015" (de début 2012 à fin 2014) et sur les précédents plans de départs volontaires.
- 5.500 salariés en moins sous 'Transform' -
La compagnie Air France (sans ses filiales) comptait 52.541 salariés en CDI et en CDD au 31 décembre 2014, selon son dernier document de référence. Ils étaient 58.065 fin 2011.
Le plan "Transform 2015" s'est ainsi traduit, pour la seule compagnie française, par la disparition de 5.524 salariés sous contrat à durée déterminé ou indéterminé, soit une baisse de 9,5% des effectifs.
Le personnel au sol a payé le plus lourd tribut en perdant 10,7% de ses effectifs (-4.171) pendant ces trois années, pour s'établir à 34.786 salariés fin 2014.
En proportion, c'est ensuite la catégorie des pilotes qui, avec 3.764 salariés fin décembre, a subi la plus forte baisse : 356 personnes en moins (-8,6%).
Le corps des hôtesses et stewards a perdu 997 employés dans le même temps (-6,7%).
- Efforts accrus chez Air France -
Au sein du groupe franco-néerlandais Air France-KLM, la compagnie historique Air France, sans ses filiales, a été la plus touchée par les réductions d'effectifs (-9,5%) sous "Transform". En ajoutant ses filiales (Regional, Transavia France, Brit Air, Blue Link, etc.), Air France a perdu 6.413 salariés (-9% de ses effectifs).
Air France-KLM, qui employait 99.277 salariés fin 2014, a perdu au total 6,9% de ses effectifs (-7.341) de 2012 à 2014 inclus, principalement au sol (-5.732).
Le groupe néerlandais KLM a été plutôt épargné par les coupes, avec 928 salariés en moins (-2,6% des effectifs) pour s'établir à 34.662.
- Aucun départ contraint -
Air France n'a procédé à aucun départ contraint pour réduire ses effectifs. Deux plans de départs volontaires (PDV) ont été ouverts pendant "Transform", après un premier en 2010.
En 2012/2013, la compagnie visait 2.767 départs parmi son personnel au sol, dont 2.533 équivalent temps plein (ETP) ont été réalisés. Sur les 220 suppressions envisagées chez les pilotes, 137 ont été réalisées. Chez les hôtesses et stewards, 426 postes temps plein ont disparu au gré des départs, de mesures de temps partiel ou de congés sans solde.
En 2014, le PDV au sol a conduit à "une diminution des effectifs de 1.660 ETP" (1.826 envisagés). Celui du personnel de cabine "a permis une réduction de 426 ETP et le plan Pilotes une réduction de 99 ETP", rapporte le document de référence.