La Bourse de Paris a plongé mardi de 2,67%, dans un marché effrayé par l'impasse politique qui se profile en Italie et ses conséquences économiques sur l'ensemble de la zone euro, ignorant les bonnes nouvelles venant des Etats-Unis.
Après avoir cédé plus de 3% à l'ouverture, le CAC 40 est resté largement dans le rouge tout le long de la séance, pour abandonner en clôture près de 100 points (99,41 points) et terminer à 3.621,92 points.
Parmi les autres marchés européens, Londres a perdu 1,34%, Francfort a reculé de 2,27% et l'Eurostoxx 50 a cédé 3,07%.
Signe de la tension du marché parisien, les échanges ont été plus nourris que les séances précédentes avec 4,03 milliards d'euros échangés.
Les élections en Italie qui ont donné une majorité de centre gauche à la Chambre des députés, mais sans dégager une majorité au Sénat, crée de fait une impasse politique, qui a plongé les marchés boursiers européens dans la tourmente.
La perspective d'une Italie ingouvernable, incapable de poursuivre les reformes entreprises et qui plongerait encore davantage dans la récession, a effrayé les investisseurs. D'autant que les conséquences sur la zone euro, qui se relève à peine d'une crise de la dette, risquent d'être graves et de raviver la défiance des investisseurs à l'égard des pays de l'Europe du sud.
Le résultat du scrutin italien "représente quasiment le pire scénario possible", relève d'ailleurs Renaud Murail, gestionnaire de portefeuilles chez Barclays Bourse, pour qui une "crise de confiance est en train de s'emparer des marchés boursiers".
Les banques européennes ont été les premières victimes de ces craintes et ont toutes dévissé. L'indice de volatilité qui mesure la nervosité des investisseurs a atteint ses plus hauts depuis le début de l'année.
"Ce scrutin risque d'entraîner un blocage politique dans le pays et mettre en difficulté toute la zone euro", relèvent les analystes de Saxo Banque.
"Les futures réformes sont clairement compromises", ce qui inquiète les investisseurs, souligne de son côté Christian Parisot, économiste pour le courtier Aurel BGC.
Dans ce contexte difficile, les propos pourtant encourageants pour les marchés du président de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, ainsi que les bons indicateurs américains dans l'immobilier et la hausse de Wall Street n'ont pas permis de renverser la tendance.
"La cote parisienne a à peine réagi, tant la situation en Italie inquiète les investisseurs", souligne Xavier de Villepion, vendeur d'actions chez Global Equities.
"Les élections italiennes restent le sujet principal", notent les économistes du Crédit Agricole car, dorénavant, "une période d'instabilité s'ouvre en Europe".
Les valeurs financières étaient les grandes perdantes de la cote, les investisseurs vendant ces valeurs qui risquent de subir de fortes dépréciations du fait de leur forte exposition en Italie. Ainsi Crédit Agricole et BNP Paribas, deux établissements très impliqués dans ce pays, perdaient respectivement 5,86% à 7,03 euros et 4,62% à 41,67 euros. La Société Générale cédait également 5,45% à 28,2 euros, comme les deux grands assureurs AXA (-3,80% à 13,15 euros) et CNP Assurances (-4,47% à 11,44 euros).
Les valeurs industrielles et de construction étaient également pénalisées par les craintes d'un ralentissement supplémentaire d'activité en zone euro. Bouygues, qui doit annoncer ses résultats mercredi, perdait 3,64% à 19,39 euros, Schneider Electric cédait 3,58% à 56,31 euros.
Seb, dont les perspectives sont très prudentes pour 2013, abandonnait 3,49% à 58,94 euros.
Vivendi a perdu 1,76% à 15,66 euros après être passé dans le vert au cours de la séance. Le conglomérat de médias et de télécoms a enregistré une baisse de son bénéfice net en 2012 et a indiqué vouloir conserver sa filiale de téléphonie SFR.
Alstom cédait 2,54% à 32,45 euros malgré un contrat de plus d'un milliard d'euros en Allemagne.
Quelques rares valeurs se sont inscrites dans le vert mais très modestement dont Bolloré (+0,44% à 298,8 euros) et Hermès (+0,43% à 255,05 euros).